Dans le cadre d’Europalia Europa, le CIVA (Centre International pour la Ville, l’Architecture et le Paysage), en partenariat avec une multinationale de grande distribution d’origine belge, organisait dans le musée de l’école d’architecture de La Cambre une exposition intitulée "Supermarché d’Europe 1957-2007". Ici, le sponsor est devenu partenaire de l’institution publique mais aussi, aboutissement ultime de la colonisation du secteur culturel public par le privé, sujet même de l’exposition ! La "marque" ne se suffit plus à la promotion publicitaire, elle se voit désormais sujet agissant de l’histoire et figure héroïque, pleinement légitimée par le champ académique. L’approche architecturale du phénomène de la grande distribution proposée par l’exposition est prétexte à une audacieuse esthétisation d’un phénomène industriel, vecteur de transformations sociales profondes, expurgé et absout de ses influences urbanistiques, économiques et sociales multiples, le plus souvent néfastes.
Entre volonté de ne pas voir et cynisme, les responsables culturels et politiques offrent un cas d’école de collaboration, sans la moindre velléité de résistance, à la stratégie de colonisation de l’espace culturel public par une entreprise prosaïquement capitaliste.
Dans ce contexte, guides et professeurs parachèvent le dispositif propagandiste réalisé par l’exposition : marquer et fidéliser les client-spectateurs dès le plus jeune âge.
+ DEBAT : DE LA PUB A L’ECOLE ! - A L’ECOLE DE LA PUB ?
La projection en avant-première du film de Bernard Mulliez sera suivie de trois interventions proposant des éclairages sur la réalité de l’intrusion publicitaire à l’école. Le « pacte scolaire » stipule que toute activité commerciale est interdite dans les écoles. Pourtant, à côté des distributeurs de sodas américains recouverts de logos de la taille d’une affiche de pub, la propagande commerciale fait des intrusions de plus en plus marquées jusque dans le cartable des écoliers. A côté des « programmes pédagogiques » généreusement financés par des multinationales en quête de futurs consommateurs fidèles et distribués dans les classes, apparaissent animations sponsorisées et autres évènements marketing, dans ou à proximité immédiate des écoles. Le lobby publicitaire pousse le bouchon jusqu’à proposer gratuitement aux professeurs un outil didactique "d’éducation à la publicité"... Quand Danone, Coca-Cola, Fortis & Co. s’unissent pour rendre les enfants « pub-malin », il y a fort à craindre.
*Avec :
Bernard Legros, co-auteur de « L’Ecole et la peste publicitaire » (Aden, 2007)
Un directeur d’école
Un représentant de la « commission de l’article 41 »*
En avant-programme de cette séance, présentation de la campagne « Parapub » du GSARA et projection des vidéogrammes lauréats.