*Sous cette bannière chocolatée de Kinder Surprise, nous avons voulu rassembler une série de films qui portent un regard sur le monde de l’enfance : comment sent-on, pense-t-on, vit-on, quand on est haut comme trois pommes ? Comme en lointain écho au programme "Adultes admis" que le Nova vous avait présenté en novembre 1997, ce premier volet donnera en images la parole aux enfants. Des films récents et moins récents, documentaires et fictions de tous pays, courts ou longs, choisis parmi les mille et un portraits filmiques de l’enfance qui ont capté son dynamisme, son insoumission, ses exigences, la vérité de son silence, de ses regards, de ses jeux, les richesses de son imaginaire.
Depuis le temps des pionniers, les cinéastes ont été sensibles aux sujets sur l’enfance, beaucoup de films les montrent à l’écran, mais qui n’évitent pas toujours d’y projeter des sentiments d’adultes, ni de les montrer comme de petits animaux pittoresques. Truffaut disait que Rosselini (dans Allemagne année zéro) était sans doute le premier à les montrer graves et réfléchis, à prendre en somme l’enfance au sérieux - son compatriote Comencini, dont nous vous avons montré cette année le merveilleux "Pinocchio", lui a à cet égard fort bien emboîté le pas. Nous avons choisi de garder pour un prochain programme les films, nombreux, qui s’attardent sur un "problème" lié à l’enfance : les enfants et la guerre, les enfants et la misère, la maltraitance, etc. Le choix s’est porté sur ceux qui tentent de réinventer le langage à travers leurs paroles, redécouvrent le monde par leurs yeux. Les années soixante, époque de toutes les ruptures et de toutes les réinventions ou redécouvertes ont ainsi particulièrement inspiré les cinéastes de l’enfance.
Parmi ceux-ci, on ne serait peut-être pas attendu à trouver l’iconoclaste Jean-Luc Godard. Sa série "France, tour, détour, deux enfants", qu’il tourne dans les années septante, est pourtant le coeur de ce programme. Les douze épisodes mettent "JLG" en dialogue avec une fillette et un garçonnet autour de thèmes existentiels les plus variés. Le méconnu long métrage "La clé", sur un script d’Abbas Kiarostami, est une de ces merveilles auxquelles le cinéma iranien nous a habitué. Le reste du programme est constitué de coups de coeur, choisi parmi certains des cinéastes que le Nova affectionne particulièrement : les photographes néerlandais van der Keuken et van der Elsken, et l’Américaine Helen Levitt, les expérimentateurs de l’ex-URSS, A. Stonys et V. Kossakovsky, l’immense poète qu’était Patrick Van Antwerpen et les artisans locaux du collectif bruxellois Graphoui.
Petits et grands, connaisseurs ou non, tous devraient trouver dans notre petite boîte à films de quoi se faire les dents. Non pas les gadgets ineptes des célèbres oeufs - d’ailleurs, les oeufs en chocolat, c’est mauvais pour les dents... - ni de discours définitifs sur l’enfance. Ce petit florilège espère juste vous faire partager un regard, un regard par lequel l’enfance cesse d’être une simple représentation, un âge dans la vie et qui vous conviera au jeu, parfois candide, parfois un peu rude aussi. L’enfance de l’art, en somme.*