*Ville portuaire à la croisée de plusieurs continents, berceau de la civilisation, capitale culturelle du monde arabe... Beyrouth aime s’afficher comme "la reine du monde", une cité de fastes, dont la foisonnante animation lui vaut la réputation de "ne jamais dormir, chaque nuit y étant comparable à un samedi soir". Mais à côté de ces images d’Epinal où des fruits gorgés de soleil se dégustent à l’ombre des palmiers, le cinéma libanais montre de Beyrouth d’autres facettes, particulièrement contrastées. Car, réduite en une infinité de quartiers repliés sur eux-mêmes, la ville-gruyère est aussi un territoire balafré, ridé, contradictoire.
Placée au coeur d’un conflit régional, d’un Etat usé par les divisions politiques, religieuses et communautaires, la capitale libanaise vit une perpétuelle démolition-reconstruction depuis une trentaine d’années (17 ans de guerre civile et de séparation Est/Ouest ayant été suivis, comme si ce n’était pas suffisant, par les bombardements israéliens).
Transformation, disparition, distance, contradiction, mémoire et amnésie comptent parmi les principales questions qui traversent les quelques films réunis ici. Fictions et documentaires, ayant Beyrouth comme personnage principal ou toile de fond, ils racontent cette "ville qui refuse de disparaître" et qui est aussi peuplée de fantômes et de mutants. Au-delà des traumatismes de la guerre et de l’après-guerre, ils explorent le paysage mental de l’homme. Avec ses zones en reconstruction...*