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Beirut Mutant

 

*Ville portuaire à la croisée de plusieurs continents, berceau de la civilisation, capitale culturelle du monde arabe... Beyrouth aime s’afficher comme "la reine du monde", une cité de fastes, dont la foisonnante animation lui vaut la réputation de "ne jamais dormir, chaque nuit y étant comparable à un samedi soir". Mais à côté de ces images d’Epinal où des fruits gorgés de soleil se dégustent à l’ombre des palmiers, le cinéma libanais montre de Beyrouth d’autres facettes, particulièrement contrastées. Car, réduite en une infinité de quartiers repliés sur eux-mêmes, la ville-gruyère est aussi un territoire balafré, ridé, contradictoire.
Placée au coeur d’un conflit régional, d’un Etat usé par les divisions politiques, religieuses et communautaires, la capitale libanaise vit une perpétuelle démolition-reconstruction depuis une trentaine d’années (17 ans de guerre civile et de séparation Est/Ouest ayant été suivis, comme si ce n’était pas suffisant, par les bombardements israéliens).
Transformation, disparition, distance, contradiction, mémoire et amnésie comptent parmi les principales questions qui traversent les quelques films réunis ici. Fictions et documentaires, ayant Beyrouth comme personnage principal ou toile de fond, ils racontent cette "ville qui refuse de disparaître" et qui est aussi peuplée de fantômes et de mutants. Au-delà des traumatismes de la guerre et de l’après-guerre, ils explorent le paysage mental de l’homme. Avec ses zones en reconstruction...*



Beyrouth fantôme

Ashbah Beirut

Ghassan Salhab, 1998, LB, 35mm, vo st fr, 120

Fin des années 80, le conflit libanais semble toucher à sa fin. Khalil, un jeune homme qui a fait croire à sa mort dix ans plus tôt pour mieux s’enfuir, revient incognito à Beyrouth. Mais la ville est petite et ils sont de plus en plus nombreux à reconnaître Khalil, tel un fantôme qui sillonne les rues, semant l’émoi et la colère chez ses proches...
Evocation d’une jeunesse gâchée, perdue dans l’absurdité d’un conflit interminable, "Beyrouth fantôme" ravive volontairement les plaies de la guerre du Liban. Mais avec subtilité et sans jugement moralisateur. Au coeur même de son premier long métrage, Ghassan Salhab organise la confrontation entre fiction et documentaire. Le récit est en effet ponctué du témoignage personnel des acteurs au moment du tournage, ce qui ouvre le film sur un abîme...
"Je ne m’attendais pas à ce qu’un de mes acteurs dise regretter le temps de guerre. Ce n’est pas étonnant : c’est un grand moment de passion, la guerre. Il y a une vie durant la guerre, à pleins poumons, libérée des lendemains, une vie au présent".

[ 5 / 3,5 eur ]

25.04 > 22:00 + 02.05 > 20:00


L’homme aux semelles d’or

Al Rajol Zou Annal’l Azzahabi

Omar Amiralay, 2000, LB, video, vo st fr, 55

Petit pas de côté... Rafiq Hariri a dirigé cinq gouvernements au Liban entre 1992 et 2004. Entrepreneur ayant fait fortune en Arabie saoudite, il a aussi a été au coeur de la reconstruction immobilière de Beyrouth. En 2000, au moment où le cinéaste syrien Omar Amiralay décide de lui consacrer un film, Hariri est leader de l’opposition. En le rencontrant, le cinéaste explore les paradoxes du pouvoir et expérimente les mésaventures qui guettent l’intellectuel critique...

+ Ca sera beau - From Beirut with Love

Waël Noureddine, 2005, LB-FR, video, vo st fr, 31

"Beyrouth, ou peut-être n’importe quelle ville en guerre avec elle-même. Ici aucun conflit ne se règle jamais, aucun mur ne se répare. Dans la ville trouée, les déflagrations résonnent mieux. On a le choix entre l’armée et la religion, ou bien alors la religion et l’armée. La dose d’héroïne coûte 10 dollars". Waël Noureddine, poète et vidéaste, rend visite à quelques connaissances et envoie ses cartes postales...

[ 5 / 3,5 eur ]

27.04 > 18:00 + 17.05 > 20:00


+ Lettre d’un temps exil

Borhane Alaouie, 1988, LB-FR-BE, video, vo st fr, 52

Instants de vie de quatre beyrouthins exilés en France, qui ne se connaissent pas et entre qui, hormis l’état d’exilé, il n’y a en apparence aucun lien. Seule la voix du narrateur les unit en une lettre douloureuse et nostalgique, où transparaissent les souvenirs d’un Beyrouth en guerre et un regard qui ne manque pas d’humour.

+ A toi où que tu sois

Borhane Alaouié, 2001, LB-FR, vo st fr, 52

Revenu au pays après une dizaine d’années d’exil, Borhane Alaouié a du mal à reconnaître sa ville, ne retrouvant rien de ce qui en faisait son charme avant la guerre. "Les choses que tu vois n’ont pas d’âge, pas de profondeur. C’est une jeunesse pour touristes. Nous nous transformons, nous aussi, en touristes"... Le dernier volet de ses lettres filmées ne nous montre pas Beyrouth, mais ses naufragés. C’est pourquoi les trois-quarts du documentaire sont dédiés à la nuit et à ses fantômes. "La nuit est le miroir de Beyrouth", déclare le narrateur, évoquant "une ville malade, qui s’ennuie le jour et essaie de se fatiguer la nuit".

[ 5 / 3,5 eur ]

03.05 > 22:00 + 30.05 > 20:00


Ghassan Salhab, 2006, LB, 35mm, vo st fr, 101

Chaque matin, Beyrouth se réveille en découvrant la nouvelle victime d’un serial killer dont la particularité est de vider le sang de ses victimes... Khalil, médecin d’une quarantaine d’années, revient travailler dans son hôpital après un long arrêt maladie. Depuis quelques temps, il souffre d’étranges symptômes qui bouleversent sa vie. Quand il apprend l’existence du tueur en série et de son modus operandi, il se lance dans sa propre enquête, se sentant imperceptiblement lié aux victimes et plus précisément à leur insaisissable meurtrier. Progressivement, irrémédiablement, Khalil glisse hors de sa condition, disparaît du champ social, devient un fantôme, que même le miroir ne renvoie plus...
En empruntant au mythe du vampire comme métaphore d’un processus de transformation, Ghassan Salhab ("Beyrouth fantôme", "Terra incognita") adhère plutôt à la vision de Murnau dans "Nosferatu". Avec l’idée de cette maladie étrange qui vient transformer la ville, celle-ci engendrant à son tour ses propres mutants... Des mutants filmés ici avec amour, colère et fascination.

[ 5 / 3,5 eur ]

09.05 > 22:00 + 16.05 > 20:00 + 25.05 > 22:00 + 31.05 > 20:00


Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, 2005, LB-FR, 35mm, vo st fr, 88

Ce road-movie tourné sur le vif et fait de sensations, d’ambiances et de fausses pistes à travers Beyrouth, suit 24 heures de la vie de Malek, un jeune homme victime de l’apnée du sommeil et qui s’endort sitôt qu’il ne bouge pas. Malek fait partie de cette génération, tiraillée entre la culpabilité d’un passé lourd à assumer et l’angoisse d’un futur incertain, qui se laisse porter par la vie et s’oublie dans la nuit beyrouthine. Son père compte parmi les 17000 disparus de la guerre. Beyrouth a beau être une petite ville en chantier permanent, on ne retrouve rien... Pas de charnier, pas de traces.
Aujourd’hui, Malek a réussi à convaincre sa mère de déclarer officiellement la mort du père disparu. Il décide aussi de retrouver un rythme plus synchrone avec les autres et surtout Zeina, la femme qu’il aime mais qui ne veut plus le voir. Et si aujourd’hui était le jour parfait pour échapper à ses fantômes et retrouver ceux que l’on a perdus ?

[ 5 / 3,5 eur ]

11.05 > 22:00 + 23.05 > 20:00


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prog: 1100
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