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Séances

Huang Wenhai, 2005, CN, video, vo st ang, 86

Cet opus se concentre sur la vie d’un collectif d’artistes chinois. Filmé en noir et blanc, avec une image "perturbée" par le grain lié à la vie nocturne, "Voyage poétique" écoute et regarde ce groupe d’artistes qui se retrouve autour du Hard Rock Metal, mais se disperse vers quatre disciplines différentes. Durant l’été 2004, Huang Wenhai suit un "net-poète" et gardien de nuit, deux peintres, et un artiste-performeur. Leur délire permanent passe des grandes discussions sur le sens de leur œuvre aux performances qu’ils s’offrent en privé. Dans "Dream Walking", le collectif est montré en perpétuelle représentation, mêlant vie et performance déchaînée (souvent dévêtue), vie d’artiste "arrosée" et visions... L’observation est ici le maître mot. De plans larges (et longs) à un découpage en gros plans, l’œil s’attarde sur les relations entre les personnages et leur environnement, ainsi que sur certains détails qui captent l’attention du réalisateur. Le film est basé sur la proximité de la caméra qui s’immisce, au point de filmer le sommeil ou encore des confidences.
Huang Wenhai se singularise d’abord par son approche, donnant l’impression d’être "là" où l’on filme. Son autre particularité tient au choix de la photographie, étroitement liée au sujet du film et jouant un rôle dans le rapport immersion - (prise de) distance avec le sujet. Remarqué dès son deuxième documentaire, "In the Military Camps", son travail a fait le tour des festivals internationaux. "Dream Walking" a reçu le Grand Prix au festival Cinéma du Réel à Paris en 2006. Avec "Floating Dust", également présenté au Nova, ce sont les premiers volets d’une trilogie dédiée à "la survie dans un monde absurde".

09.11 > 20:00 + 17.11 > 18:00 + 24.11 > 20:00


Yan Fudong, 2003-2005, CN, video, vo st ang, 26 + 46

Ce film n’est ni une fiction, ni un documentaire, il s’agirait plutôt d’un livre. Dans la première partie, un groupe de jeunes se promène dans un paysage naturel. On passe ensuite à des inserts dédiés à leur vie urbaine. Dans cet aller-retour résonnent leurs réflexions. Dans la seconde partie, on retrouve le groupe dans un appartement feutré, corps dénudés, posant et parlant du corps, de l’amour, de la mémoire... Dans ces deux premières oeuvres d’une série inspirée d’une histoire populaire intitulée "Les Sept Sages de la Bambouseraie", Yan Fudong développe une réflexion sur la situation des intellectuels dans la Chine d’aujourd’hui, qui oscille entre une autonomie croissante vis-à-vis du gouvernement chinois et leur confinement dans la marge de la société. Cette situation de semi-enfermement et de gestation est ici développée via un huis clos relationnel tapissé de sensualité et d’incertitude. Ainsi, se posent, non sans ironie, les questions de l’individualisme et du collectif, ou encore du passage de la tradition de la pensée chinoise aux formes hybrides dues aux croisements avec d’autres formes esthétiques et de pensées (occidentales), ainsi que des nombreux écueils dus au passage du communisme vers un système consumériste en pleine expansion. De ce film restent des images visuelles fortes, avec notamment des références à la Nouvelle Vague ou aux films de Jim Jarmusch.
Le travail de Yan Fudong est une suite de tableaux à l’impact visuel fort. De la mise en scène et de la photographie se dégagent une indéniable sensualité, une beauté mystérieuse et à la fois dissonante. Une invitation à suivre les méditations solitaires sur le thème de l’individu et de la liberté. A côté de son parcours international, son travail est souvent montré lors d’événements locaux, organisés en marge des institutions. Son oeuvre est clairement ancrée dans cette réalité chinoise contemporaine, tout en intégrant des influences occidentales. Il s’agit ici de croiser et élargir ces limites culturelles.

+ Half Hitching Post

Yang Fudong, 2005, CN, 35mm, 7

Deux jeunes étrangers s’installent dans un village isolé aux confins des plateaux du Nord de la Chine. Parallèlement, deux jeunes du village essayent de fuir. Un âne passe, transportant des bagages, suivi d’un couple sur un vélo... La narration ouverte laisse place aux paysages extraordinaires.

10.11 > 20:00 + 17.11 > 22:00 + 25.11 > 22:00


Ou Ning & Zhang Jinli, 2006, CN, video, vo st ang, 85

Meishi Street est le nom de la rue principale du quartier Da Zha Lan, non loin de la tristement célèbre place Tienanmen à Pékin. L’endroit a toujours été un quartier commerçant typique, avec ses petits magasins, ses chalands, ses habitants... Avec le développement de la ville et les Jeux olympiques qui se profilent à l’horizon, ce quartier traditionnel, pauvre et très peuplé, est devenu la cible des autorités et des promoteurs immobiliers. Il ne peut plus résister à la pression, et notamment au trafic. En décembre 2004, le verdict tombe : Meishi Street doit avoir 25 mètres de large... soit 17 de plus qu’il n’en a. Ce qui équivaut à une condamnation à mort : beaucoup doivent déménager, on rase leurs magasins ou leurs maisons.
Deux artistes, Ou Ning en Cao Fei filment régulièrement Meishi Street et ses environs. Un jour, ils rencontrèrent Zhang Jinli, un patron de restaurant qui, scandalisé par la situation et l’indemnité ridicule qu’on lui offrait pour son restaurant, prit la caméra et se mit à filmer son quartier. Ou Ning a monté les images et en a fait un témoignage prenant d’une rue qui devient le symbole de la manière dont une société sacrifie ses membres au nom du progrès.

En présence du réalisateur.

10.11 > 22:00 + 18.11 > 18:00


Liu Jia Yin, 2005, CN, video, vo st fr, 110

Dans un appartement de 50 mètres carrés, transformé de nuit en maroquinerie pour les besoins du commerce familial, Liu Jia Yin, âgée de 23 ans, décide de tourner son premier long métrage. Dans ce contexte, le sujet s’impose : le quotidien de sa famille. Les ventes de sacs en cuir ont connu des jours meilleurs et le père, endetté, n’arrive pas à remonter la pente. Dans cette atmosphère pesante, renforcée par la pénombre et le huis clos, le cinémascope vient percuter les limites du cadre. L’utilisation du hors-champ sonore contrebalance la proximité inévitable des protagonistes. "Les acteurs qui jouent les parents et l’enfant dans le film sont, dans la réalité, moi et mes parents. Le film parle de nous, de notre vie, de notre maison et de nos difficultés. J’ai choisi 23 scènes de notre vie au quotidien et j’ai réalisé le film. Pour mes parents, le tournage a été comme la mise à nu d’une blessure. A travers l’objectif, j’ai vu notre vie. Je n’aurais pas pu en parler avec un autre outil." (Liu Jia Yin). Oxhide est une sorte d’OVNI, il livre le portrait intense d’une situation économique difficile et du renfermement sur soi qui s’ensuit. Ce premier long a été remarqué et récompensé lors de plusieurs festivals internationaux.

11.11 > 20:00 + 22.11 > 22:00


Zhang Zhanqing, 2006, CN, video, vo st ang, 85

Le matin, Dagang est "publicitaire", l’après-midi il donne dans la conquête féminine sur la piste cimentée du Dancing Hall, le soir il se saoule avec ses amis. Divorcé pour vivre le "grand amour", il a finalement perdu rentrées financières et partenaire. Chaque soir, sa descente semble irréversible ; chaque matin, la brise fraîche ravive sa foi dans la vie. Bloqués dans une précarité totale, distancés par le troisième millénaire, Dagang et ses amis ne souffrent plus d’une situation qu’ils transforment à leur avantage grâce à la devise : "Pour chaque minute vécue, je profite de 60 secondes". Derrière leurs sourires s’écrivent pourtant des histoires de résignation et d’abandon. La caméra légère facilite la description du quotidien et fournit à Zhang Zhanqing les outils adaptés pour aller plus loin dans l’exploration de leur milieu. Elle lui permet également d’instaurer une relation plus directe avec son sujet... et de glisser vers l’expression d’une empathie, montrée en parallèle à la distance et au questionnement que les comportements filmés soulèvent.

11.11 > 22:00


Yan Junjie, 2005, CN, video, vo st ang, 85

Dès le début de ses études de réalisation, Yan Junjie se filme avec sa bande d’amis, parcourant les événements ou non-événements qui jalonnent son existence. C’est entre 2001 et 2005 qu’il mène ce processus : le film découpe et "remonte" la première moitié de sa troisième décennie de vie en nous donnant l’occasion de percevoir ses préoccupations quotidiennes (premier groupe de musique, repas familial, premières amours, premier piercing,...).
"Snippets" utilise le documentaire pour questionner le sens de la vie, et vice versa : "Qu’est-ce que le vrai documentaire ? (...) Y aurait-il un sens à filmer toute une vie en une prise unique ? Y a-t-il un sens à l’énoncer ? Qui serait le dieu omniscient et aimant, à la fois disséqueur et empli de sollicitude envers l’humanité ? Qui serait celui qui se cherche à travers ces bribes et ces coupes ? Qui sera l’enfant qui squatte la rue, regardant tout ? Qui sera l’anthropologue qui ramène votre spécimen au musée ?". Cette quête vers soi-même en utilisant le documentaire mène le réalisateur à la conclusion que chaque film est une illusion, même son propre film.

+ Face Value

Li Xin, 2003, CN, video, vo st ang, 35

"La photo du mariage est plus importante que le mariage". A en croire ce court documentaire, voilà peut-être le nouveau proverbe chinois ! Etant donné que les fêtes de mariage coûtent très cher, et que c’est surtout l’album de photos qui par la suite a un sens dans la vie sociale, beaucoup de jeunes couples chinois décident d’éliminer l’inutile. Ils engagent dès lors une agence de photographes professionnels chargé de réaliser virtuellement leur journée de bonheur. Li Xin utilise le principe de "l’image de l’image" pour déconstruire ces nouveaux rites de passages préservant la mémoire d’un événement qui n’a pas eu lieu. Ce film a été réalisé dans le cadre du Masterclass en Anthropologie visuelle à l’Université de Kunming, province du Yunnan.

En présence du réalisateur.

16.11 > 20:00


Huang Wenhai, 2004, CN, video, vo st ang, 111

Premier volet de la "trilogie des masses", Floating Dust ("Poussières en suspension") décrit le quotidien d’une bande de losers. Que ce soit au mahjong (une forme de domino populaire en Chine), à la loterie ou dans la vie, les protagonistes de ce documentaire donnent l’impression de ne jamais rien gagner. Beuverie, avortement, jeux, télévision, argent sont les éléments d’un présent indéfiniment répété. L’ère de l’idéologie communiste étant révolue et les dieux pas encore de retour, il semblerait que l’argent et l’espoir soient les seules références. Dès lors, bienvenue dans la nouvelle Chine où l’on passe ses soirées à déchiffrer les émissions télés pour enfants ("télétubbies") ou à surfer sur Internet pour trouver les bons chiffres de la loterie.

Précurseur d’une nouvelle vague documentaire chinoise, Huang Wenhai observe sans jugement, sans commentaire et sans interview ce groupe d’amis de sa ville natale, qui pourrait cependant évoluer n’importe où en Chine.

17.11 > 20:00


Villagers Documentary Project
Projet collectif, 2006, vidéo, vo st angl., fragments
Ces deux dernières décennies ont été caractérisées par des réformes politiques et sociales dans les campagnes chinoises. L’économie d’État doit de plus en plus laisser la place à une approche plus démocratique. Mais comment cela se passe-t-il dans un pays aussi énorme, où la campagne joue un rôle aussi important, et où pas moins de 700 000 villages sont impliqués dans ses réformes ? "Villagers Documentary Project" présente une vision de ce phénomène de l’intérieur : une dizaines de villageois ont reçu une caméra et ont filmé leurs voisins et les élections qui approchaient. Nous vous montrons quelques fragments de ce document unique.

+ Meishi Street

Ou Ning & Zhang Jinli, 2006, CN, video, vo st ang, 85

Le film "Meishi Street" (voir page 9) est une partie du "Da Zha Lan Project" où le quartier Da Zha Lan est au centre d’une étude de cas qui se concentre sur les développements historique et culturel, la pauvreté, l’organisation sociale, l’architecture, l’urbanisme et l’écologie humaine. Tout ce travail collectif et des ateliers avec des volontaires, des habitants, des artistes et des cinéastes a donné lieu à un documentaire, une publication et un site web.

Rencontre
Voici que ces deus films sont l’occasion de partir à la rencontre du vidéo-activisme en Chine. Car, tout comme dans "Meishi Street", le "Villagers Project" utilise cette approche de la caméra comme moyen de fixer la réalité de l’intérieur, de donner la chance à des témoins privilégiés de présenter leur vision des faits et d’exprimer leurs sentiments vis-à-vis de ces changements, qu’ils habitent dans une grande ville ou à la campagne.

Au fait, "Meishi Street" ne vous fait-il pas penser à ce qui se passe près de chez vous ?

Après cette projection-rencontre, on propose de manger un bout ensemble au foyer du Nova, suivi de la projection de deux courts documents vidéo dans la lignée de l’idée de "résistance".

info :
http://www.dazhalan-project.org/

18.11 > 18:00


Hu Jia & Zeng Jinyang, 2007, CN, video, vo st ang, 31

Suite à la disparition de son mari, militant pour les droits des sidéens, Zeng Jinyang a tenu un blog où elle a raconté ses efforts pour le retrouver. Après qu’il a été reconnu que le kidnappeur de Hu Jia n’était autre que la police, il fut placé en état d’arrestation, à son domicile de Pékin. Coincé derrière sa fenêtre, le militant a commencé à filmer ses "portiers"... Non sans humour, le film nous présente le quotidien de deux médiactivistes, obligés de vivre sous surveillance. Le couple est devenu le porte-parole de tous ceux qui, en Chine, subissent ce type de répression. Par ailleurs, le blog de Zeng Jinyang l’a rendue célèbre, si bien que le Times l’a classée parmi les 100 personnes les plus influentes en 2007.

+ A day to Remember

Liu Wei, 2005, CN, video, vo st ang, 13

Un dispositif très simple : la même question posée à une série de gens dans la rue. Une question a priori banale : "Quel jour sommes-nous ?". Sauf que poser cette question le jour anniversaire de la répression sanglante de la place Tienanmen n’est pas innocent. Et les réponses des passants, gênées, codées ou détournées, en disent long sur l’état de la censure ou de l’auto-censure en Chine. Voici un court manifeste vidéo montrant une Chine qui, dès qu’on parle politique, perd subitement la mémoire.

+ Villagers Documentary Project (fragments)

Projet collectif, 2006, video, vo st ang, 30

18.11 > 22:00


Li Yifan & Yan Yü , 2004, CN, video, vo st fr, 147

Le barrage des Trois Gorges menace d’engloutir sous ses eaux villages et quartiers. Fenjie, une ville de plus de 2000 ans d’histoire, sera bientôt rayée de la carte. Caméra au poing et sans commentaire, les réalisateurs suivent la difficile résistance de plusieurs personnes face à une administration impitoyable et indifférente aux conséquences de ces grands travaux. Lentement, étape par étape, la ville est vidée, au même titre que les espoirs et les mémoires de ces habitants.
"Avant que nous y allions, beaucoup de nos amis suggéraient que notre film capture la beauté des impressions de Fengjie, "cité de la poésie". Certains des poèmes les plus connus de l’histoire chinoise ont été écrits ici, les Trois Gorges elles-mêmes sont un hymne naturel, les lieux créent chaque jour un poème. [...] Une fois sur place, il nous a paru impossible de donner une réponse poétique aux larmes d’un vétéran de guerre, ou de réaliser avec élégance un portrait de la vie quotidienne d’un groupe de portefaix qui vivent dans une misère crasse, comme des chiens." (Li Yifan & Yan Yu)

25.11 > 19:00


squelettes/rubrique-3.html
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pos: aval