prog: 932
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Films !

Leonard Kastle, 1969, US, 35mm, vo st fr, 108

Martha Beck est une femme visiblement malheureuse. D’un embonpoint excessif, elle n’est ni fiancée ni mariée et semble destinée à poursuivre ainsi sa vie. Elle décide alors de se faire membre du "Friendship Club", un club de rencontres matrimoniales, et entame un échange de lettres de plus en plus sulfureuses avec un certain Raymond Fernandez. Le jour où finalement elle le rencontre c’est le coup de foudre. Mais c’est sans savoir que ce bellâtre de Raymond est en réalité un gigolo invétéré qui arnaque des coeurs solitaires pour après disparaître. Maladivement possessive et jalouse, Martha lui voue un amour démesuré. Elle quitte son travail d’infirmière pour l’assister dans ses méfaits. Cela entraînera le couple dans une spirale meurtrière sans fin.
Basé sur un fait divers qui avait défrayé la chronique aux USA à la fin des années ’40, "The Honeymoon Killers" aurait dû au départ être tourné par Martin Scorsese. Des différends amenèrent Leonard Kastle, qui était un compositeur de musique, à prendre en main le tournage du film. Ce sera son seul et unique film. Tourné dans un style épuré et proche du documentaire, avec un noir et blanc contrasté, ce film est certainement une des oeuvres cultes du cinéma indépendant des années ’70 aux USA, par beaucoup encore méconnu. A tort négligé ou oublié, "Les tueurs de la lune de miel" est un peu comme une perle rare dans le domaine du film noir...

15.02 > 22:00 + 24.02 > 20:00


Frank Perry, 1968, US, 35mm, vo st fr, 95

Burt Lancaster apparait en slip de bain sur votre écran, vous ne rêvez pas, votre écran de cinéma n’est pas déréglé. Ce slip de bain et son illustre possesseur vont, 95 minutes durant, nager de piscines en piscines afin de remonter, jusqu’à chez eux, la "rivière" qui travèrse les jardins de leurs voisins. Des péripéties étonnantes, des rencontres improbables, du saut d’obstacles, des images magnifiquement kitsch, tout est possible dans cette rareté qu’est "The Swimmer". On parle très peu de ce film aux niveaux de lecture et de perception multiple : nanar ultime, petit chef d’oeuvre, grand petit film, "Fraises sauvages" hollywoodiennes ratées, témoignage de symptômes psychiatriques que Perry connaît bien... Il vaut mieux laisser la surpise plutôt que de dévoiler les pépites de cette oeuvre hors normes, dont certaines scènes ont été réalisées par Sydney Pollack (non crédité au générique). Ce film fait partie de la série de "projections ratées" ; proposé au PleinOPENair 2006, le projecteur lâcha au début de la séance, il fut finalement projeté en vidéo devant un public clairsemé. Beaucoup de frustration donc pour le public de la Porte de Hal et pour l’équipe qui avait réussi à obtenir cette copie très rare. Séance de rattrapage au chaud et au Nova !

17.02 > 20:00 + 23.02 > 22:00


Ce film surprise est sans doute le plus maudit du cinéma belge. Librement adaptée d’un auteur sulfureux, cette fiction baroque n’aura connu que quelques jours d’exploitation dans un pays étranger pour ensuite être définitivement sequestrée malgré un public enthousiaste. Jusqu’à ce qu’une copie providentielle nous tombe entre les mains. Traduit et sous-titrée par nos soins, son avant-première belge eu lieu le 22 décembre 2002 au cours de notre programmation "Zwartgeelrood une fois !", un focus de fictions transgressives belges. Pour cette seconde projection, exceptionnelle donc, et toujours gratuite, une autre surprise de taille vous attend. Qu’on se le dise.

23.02 > 20:00


"Le plus grand film de science-fiction de tous les temps" - Roland Topor

*Tout auréolé du succès de son interprétation d’un agent secret dans la série "Destination Danger", Patrick McGoohan en profita non pas pour renouveler l’expérience, mais pour lancer un projet hors-normes dont il devint l’homme-à-tout-faire. Série courte (17 épisodes en tout et pour tout, dont 3 inédits tournés à la sauvette quand les producteurs ont commencé à couper les finances), "The Prisoner" est un chef-d’oeuvre télévisuel qui n’a fait l’objet d’un culte que très longtemps après sa première diffusion. Celle-ci suscita des réactions négatives et virulentes des téléspectateurs de l’époque, provoquant même l’exil de son auteur.
Réalisée à l’époque de la guerre froide, on peut dire qu’il s’agit d’une allégorie sur le totalitarisme quotidien de la société. Mais Patrick McGoohan n’a jamais voulu imposer une interprétation sur la fin de cette série (les deux derniers épisodes), qui ouvre des perspectives plus qu’elle ne ferme les portes. Et 40 ans après sa réalisation, elle reste encore mythique.
Tourné pour la télévision mais en pellicule, il est très rare de pouvoir voir "The Prisoner" en 35mm sur grand écran. Le Nova l’avait déjà fait en 1998, mais 9 ans plus tard la plupart de ces copies ont déjà disparu de la circulation, les distributeurs leur préférant des supports numériques. Sur les 5 épisodes que nous vous proposons, 2 devraient être projetés en 35mm et en version doublée français (avec le fameux "Bonjour chez vous !"), les 3 autres en vidéo et en version originale sous-titrée français. Notre équipe de détectives continue ses recherches à l’heure d’écrire ces lignes...*

http://www.sixofone.co.uk/
http://www.leprisonnier.net/

+ Arrival (episode #1)

Don Chaffey, 1966, GB, video, vo st fr, 50

Un espion veut démissionner des services secrets anglais. Il prépare sa valise... mais se réveille au "Village", un étrange lotissement "de rêves" où chaque habitant est désigné par un numéro. Le plus haut gradé est le n°2. Mais personne ne sait qui est le n°1. "Je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre !", clame le n°6...

+ Free for All (episode #4)

Patrick McGoohan (alias Paddy Fitz), 1966, GB, 35mm, vt fr, 50

Même au Village, "l’humour est l’essence même d’une société démocratique". La phrase du nouveau n°2 n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Et ce n’est donc pas sans humour que le prisonner va décider de se présenter aux élections et de mener campagne pour devenir à son tour le n°2.

25.02 > 18:00


+ Many Happy Returns (episode #7)

Patrick McGoohan (alias Joseph Serf), 1966, GB, 35mm, vt fr, 50

Un jour pas comme les autres pour le n°6. A son réveil, le Village semble comme abandonné. Pas un chat en rue, plus aucun dispositif de surveillance ne fonctionne. Un jour où l’évasion devient réalité, presque par enchantement... Un épisode composé de longs moments sans dialogues. A couper le souffle.

+ Once Upon a Time (episode #16)

Patrick McGoohan, 1967, GB, video, vo st fr, 50

Le nouveau n°2, bien décidé à en finir avec les mystères du n°6, emmène celui-ci dans une salle souterraine où ils vont vivre leur dernier face-à-face. Un huis clos, où seul le fidèle nain serviteur assiste sans piper mot, qui va les mener dans une confrontation psychologique en forme de spirale ascendante.

+ Fall Out (episode #17)

Patrick McGoohan, 1967, GB, vidéo, vo st fr, 50

Le "dénouement" ! L’unique épisode de la série qui soit explicitement la suite d’un épisode précédent. Celui où tout bascule, où la série achève... de nous déconcerter.

25.02 > 20:30


Peter Watkins, 1964, GB, video, vo st fr, 72

Le 16 avril 1746 à Culloden, dans les landes marécageuses d’Ecosse, les régiments d’élite anglais écrasèrent en à peine plus d’une heure Charles-Edouard Stuart et ses partisans, qui cherchaient à rétablir une Ecosse indépendante. Une fois les Highlanders décimés, une impitoyable "pacification" des Hautes terres s’ensuivît...
En introduisant sur ce champ de bataille un reporter commentant le déroulement du conflit, interviewant les soldats en direct et commentant en voix off ce qui se passe, Peter Watkins recrée sous nos yeux toute l’horreur d’un événement datant de plus de deux siècles. Avec cette reconstitution documentaire réalisée sur le mode du "docu-drama", Watkins chamboule la représentation de l’histoire à l’écran et les fondements du soi-disant réalisme objectif des reportages télévisuels.
Premier film professionnel de Watkins (et aussi son premier pour la BBC, qu’il quittera après "The War Game"), "Culloden" fut tourné en trois semaines, près d’Inverness, avec 142 interprètes non-professionnels de Londres et des Lowlands écossaises pour les forces royalistes, d’Inverness pour l’armée clanique. Pour beaucoup descendants directs des guerriers tués à Culloden, les acteurs écossais y reconstruisent leur propre histoire - processus qui sera régulièrement employé par le réalisateur (notamment dans "La Commune", déjà montré au Nova).

02.03 > 20:00


Robert Kramer, 1996, CH, 35mm, vo st fr, 114

"Si Robert avait connu cet endroit, il s’y serait senti chez lui" a déclaré lors d’un concert au Nova, son ami le contrebassiste Barre Philips. C’est le plus bel hommage qu’il pouvait nous rendre. Sans doute, nous direz-vous, que pas mal de réalisateurs présents dans cette programmation-anniversaire pourraient ressentir la même chose. Mais Robert était un américain exilé en Europe, un déraciné qui avait laissé derrière lui sa culture, ses attaches... Lorsqu’il a débarqué en Europe, la révolution portugaise était en passe de triompher de la dictature et il en a fait le sujet de son premier film européen.
7 ans après "Route-One", son road-movie américain, Kramer entreprend la traversée de l’Europe d’Ouest en Est... et remonte le cours de l’Histoire. Les personnages de son film traversent des crises intérieures. Il y a Raye, la jeune métisse qui se cherche dans l’art du chant, son père, un sportif en convalescence, et sa mère dépressive, chercheuse en biologie. Suite au brusque départ de la fille, la famille valse en éclats. Suivant leurs impulsions, la fille puis le père partent sur les routes pour mieux se retrouver. Leurs trajectoires croiseront des lieux où s’est joué le destin de l’Europe (Berlin, Odessa...). Tandis que la mère se fige dans l’observation des micro-organismes. Dans ce film, Kramer joue le personnage d’un gardien de phare, le plus proche voisin de cette famille désemparée. Il part sur les traces de Raye et d’Abel. Toute l’histoire, la grande comme la petite, est saisie de son point de vue.

02.03 > 22:00 + 09.03 > 20:00


Jan Sverak, 1994, CZ, 35mm, vo st fr, 102

Employé sans histoire, Olda vit la vie par procuration... par le biais de sa télécommande et par téléviseur interposé. Son apathie a pour effet de l’esseuler peu à peu socialement. Un beau jour, il se retrouve littéralement vidé de son énergie. Incapable de bouger, et à priori de se détacher de son petit écran, il se retrouve dans un monde parallèle situé de l’autre côté du tube catodique.
Une petite découverte faite au Nova à la fin des années ’90 et qui a laissé de bons souvenirs. Métaphore sur le pouvoir des médias et sur le voyeurisme, cette fable tchèque est conçue comme une science-fiction, mélangeant curieusement les effets spéciaux aux effets de style du thriller, de la romance et de la comédie.
Pour la petite histoire, notons que le père de Jan Sverak n’est autre que Zdenek Verak, connu pour être le scénariste d’"Un si joli village" de Jiri Menzel. "Accumulator 1" est son second long métrage. Dans un autre registre, il réalisera par après le film "Kolya" qui eut un grand succès. Et comme le cinéma tchèque est apparemment une histoire de famille, sachez pour l’anecdote que le rôle principal d’"Accumulator 1" est tenu par Petr Forman, le fils de Milos...

09.03 > 22:00 + 15.03 > 22:00


Nicolas Humbert & Werner Penzel, 1990, CH, 35mn, vo st fr, 123

"Middle of the Moment" (1995), voyage filmique avec des nomades, avait illuminé l’écran du Nova lors d’"Urar Imazighen" (la fête berbère) puis de "Terra incognita". Mais jamais nous ne nous étions encore donnés l’occasion de projeter "Step Across the Border", autre ciné-poème des mêmes comparses de CineNomad.
Pendant deux années, Nicolas Humbert et Werner Penzel ont suivi l’itinéraire de Fred Frith. Compositeur, parolier et instrumentiste anglais issu de la musique pop, Frith pratique son art en refusant d’en limiter sa connaissance. Toujours en recherche de nouvelles expérimentations, de nouveaux sons, de nouvelles musiques qui transgressent les frontières et les classifications, Frith a fortement inspiré les réalisateurs et influencé la forme même du documentaire qui lui est consacré. Eux aussi en recherche, les cinéastes semblent avoir trouvé le même plaisir, la même liberté et la même curiosité que les musiciens qu’ils ont filmé.
Filmé avec ses collaborateurs et ses amis dans ses voyages à Londres, New-York, Leipzig et au Japon, Frith joue en compagnie de divers musiciens japonais, roumains, mais aussi de John Zorn, d’Arto Lindsay, d’Iva Bittova, ou encore du regretté Tom Cora. Le film devient ainsi un carnet de voyage, une collection d’images fascinantes. Mais c’est à travers ces scènes d’improvisation que se révèle son véritable sujet : pas Fred Frith mais sa façon d’appréhender le son, de penser, d’écouter et de jouer la musique.

http://www.cinenomad.de/

04.03 > 18:00 + 10.03 > 20:00


Ambitus

Cecil Taylor à Paris

Luc Ferrari & Gérard Patris, 1968, FR, video, vo, 45

"Des rencontres inespérées, Cecil et Luc, nous et "Ambitus", Luc et nous..." Voilà comment se terminait notre petit texte sur ce film introuvable et retrouvé pour la programmation "Free Jazz, Great Black Music" (2004). Film encoche, film perle-rare (produit par Pierre Schaeffer pour la série "Les grandes répétitions") qui décide de jouer les marieuses là où chacun devrait rester dans sa niche, "machine de guerre" contre le démon des probabilités. Luc Ferrari, compositeur au sourire toujours subversif, dynamiteur doux de la musique dite sérieuse, part à la rencontre de la musique de Cecil Taylor, pianiste génial, poète, créateur de flux sonores infinis, maître-physiologique des rythmes, danseur, magicien et mangeur de pamplemousses. Cecil Taylor nous parle de ses conceptions musicales et de l’importance qu’il accorde à l’improvisation sur un ton afro-américain enragé... mais c’est tout le film qui devient un manifeste sur l’improvisation, sur les mystères de l’indéterminé, de l’in-joué d’avance et nous offre une arme puissante : le goût de l’affirmation !
Entre temps, Luc Ferrari nous a quittés... Mais nous gardons activement en mémoire notre rencontre avec lui et avec sa compagne Brunhild lors de leur visite au cinéma Nova. Un petit lien indélébile.

For Adolph Snacks : En avant programme, nous passerons quelques extraits choisis dans l’oeuvre de Luc Ferrari.

04.03 > 20:00


A River Called Titas

Titash ekti nadir naam

Ritwik Ghatak, 1973, IN, 35mm, vo st fr, 150

Certains se souviennent peut-être, lors de la programmation "India Zindabad", de la découverte des films Vikalp, de la rencontre avec Anand Patwardhan, mais aussi de la beauté des films de Ritwik Ghatak. Ce cinéaste bengali contemporain de Satyajit Ray, mort en 1976 désepéré et alcoolique, meurtri par la partition de son pays, a proposé un cinéma unique, ne subissant que peu d’influences extérieures. Le Nova avait alors proposé deux films : "Jukti takko aar gapo" ("Arguments and a Story") et "Meghe dhaka tara" ("The Cloud-Capped Star"). Il nous a semblé important pour cet anniversaire de présenter "Titash ekti nadir naam" ("A River Called Titas"), film d’une beauté éblouissante. A travers les histoires déchirantes de familles de pécheurs, l’itinéraire d’une jeune fille célibataire, et la disparition pour cause de sécheresse de la rivière, Ghatak évoque son enfance, ses angoisses, et l’histoire de son pays. Ghatak insuffle une fois de plus à son film, une dimension épique enivrante, qui représente l’élément central de son cinéma. L’originalité de l’histoire, et surtout du traitement du scénario, la qualité de l’interprétation et la pertinence esthétique et symbolique de l’image font de ce film un moment rare et précieux. L’occasion aussi d’assister à une approche du cinéma qui ne remplace pas le discours ou la poésie, mais cherche sa propre place, sans se fourvoyer dans un intellectualisme soporiphique.

11.03 > 18:00


Marc Isaacs est certainement un des documentaristes britanniques contemporains qui méritent d’être suivis de près. Dans son ¦uvre on découvre un regard d’une sensibilité rare mais aussi un souci constant pour des questions de société qui ne font pas la une des journaux. En s’arrêtant sur des situations ou des faits en apparence banals, ou trop facilement pris pour acquis, Marc Isaacs aime plonger sa caméra dans le quotidien de gens à priori "quelconques", qu’il nous dévoile avec une épaisseur insoupçonnée. Recherchant l’intimité avec ses "sujets", qu’il côtoie pendant parfois un an, voire deux, il tourne souvent seul ou tout au plus accompagné d’un preneur de son.
Depuis quelques mois, Marc Isaacs a commencé le tournage d’un nouveau documentaire. En mai dernier, lors des élections municipales en Grande-Bretagne, le BNP (le plus important parti d’extrême droite anglais) a affiché un score important dans certaines villes, dont une qui se situe à quelques kilomètres d’où habite Marc Isaacs. Il se décide alors à "aller voir". Pourquoi des gens en apparence aimables, tolérants, ont-ils voté pour le BNP ?
La séance concoctée avec le réalisateur sera une occasion unique de découvrir une partie des images déjà tournées, mais surtout d’une discussion autour de comment peut se faire un documentaire.
En avant-programme nous re-diffuserons son court métrage "The Lift", un classique désormais au Nova.

+ The Lift

Marc Isaacs, 2001, GB, video, vo st fr, 25

11.03 > 20:30


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