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Du Futurisme au Transhumanisme

Les hommes, fascinés par leur futur, rêvent souvent de modernité et de domination de la nature. Régulièrement, des mouvements ont voulu tirer un trait sur le passé et poser des bases pour un avenir qui ferait table rase des vieilles cultures, délivrer la société de ses traditions rétrogrades pour la tirer vers un avant salutaire. Les perspectives d’amélioration et de purification de l’humain, et du vivant en général, s’inscrivent dans cette vision. On pense par exemple au Futurisme italien, art urbain radical et philosophie de la vitesse, rêvant de dynamisme et de modernité, qui finit par se rapprocher du fascisme et accueillit les guerres comme des vagues d’énergie purifiante balayant le vieux monde. Aujourd’hui, ces perspectives refont surface sans tabou, avec le prétexte technologique qui les crédite d’une "neutralité" scientifique presque fataliste. Le transhumanisme en est la représentation la plus évidente. Par transhumanisme, on entend la phase précédant le posthumanisme, littéralement la disparition de l’humanité, l’avènement d’un surhomme délivré des contraintes de la nature et de ses limites physiques et mentales, les avancées biotechnologiques dessinant désormais ces possibilités. Héritiers libertariens de la cybernétique, les transhumanistes réduisent le vivant à de l’information, à un code ADN, que l’on peut mesurer, encoder, modifier ou encore envoyer dans l’espace. En dehors des "extropiens" auto-proclamés, beaucoup d’artistes se réclament du néo-Futurisme et embrassent avec fascination l’idée de modification du vivant et de l’humain. Or l’influence culturelle sur l’imaginaire collectif conduit à la popularisation de ses valeurs, sans vraiment les questionner. Et quand on sait que ces concepts sont défendus et vendus par les plus puissants intérêts économiques mondiaux dont le pouvoir politique n’est plus à prouver, il y a de quoi s’interroger sur cette fascination et ses impacts.

10.12 > 18:00


Lutz Dammbeck, 2004, DE, 35mm, vo st fr, 113

"Das Netz" nous propose une enquête qui remonte aux origines de la cybernétique, entre contre-culture, LSD, mouvement hippie et fondation de la Silicon Valley, célèbre technopole californienne. Le réalisateur a choisi pour fil conducteur la correspondance qu’il a entretenue avec Ted Kaczinsky, brillant mathématicien et écologiste sincère et lucide, qui élabora une stratégie qui ne visait rien de moins que la destruction du système industriel. Du fond de sa cabane dans les montagnes du Montana, il devint l’ennemi public n°1 durant dix-sept années et incarna la contestation radicale de la société de la fin du XXe siècle, sous le nom de code "Unabomber", ses premiers colis piégés étant destinés à des universitaires œuvrant pour la technologisation de la société et à des représentants du secteur aéronautique. Certaines de ses cibles rescapées sont d’ailleurs interrogées dans le film. Après plusieurs années de sourde terreur, Kaczinsky proposa un marché aux autorités. Il cesserait ses envois piégés si les deux plus gros tirages de la presse états-unienne daignaient publier son manifeste ("Industrial Society and its Future"), ce qu’il obtint peu avant d’être coincé par le FBI. Il est maintenant détenu dans une geôle high-tech après que les autorités américaines se soient évertuées à le faire passer pour fou. On trouvera des émules de "Unabomber" chez certains saboteurs du génie génétique ou par exemple en Italie à travers une pratique d’empoisonnement léger de bouteilles d’eau minérale signée "Aquabomber".

(Merci au Goethe Institut Brüssel)

http://www.t-h-e-n-e-t.com

02.12 > 20:00 + 10.12 > 18:05


Frank Theys, 2006, video, vo, 156

"Technocalyps" est un documentaire en trois volets sur le phénomène transhumaniste. Sorte de manifeste, le ton est celui de la prophétie progressiste appelant à l’avènement de l’homme nouveau dont le destin passerait par une artificialisation radicale. "La technologie reprend le flambeau de l’histoire". Le film aborde les implications scientifiques, éthiques et métaphysiques des derniers développements en génétique, robotique, intelligence artificielle, bionique et nanotechnologies, présentés ici de façon hagiographique. Malgré l’écart énorme qui apparaît rapidement entre les promesses et les réalisations effectives, comme nous l’ont montré les OGM, dont les résultats relèvent de bricolages promptement transformés en marchandises, les discours technophiles ou ultra-progressistes, tels que celui des transhumanistes, jouent un rôle non négligeable dans leur avènement. D’autant plus qu’ils bénéficient de relais importants au sein de nombreuses institutions culturelles, artistiques, politiques et académiques. Il s’agira ici de nous interroger sur la fascination qu’ils peuvent susciter et par là même, sur nos propres fantasmes démiurgiques.

1ère partie suivie d’une discussion.
Les parties 2 & 3 seront montrées ensuite.

10.12 > 20:30


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