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Exils

Kenedy partage le destin de nombreux membres de sa communauté. Romani du Kosovo, il pensait pouvoir refaire sa vie en Allemagne, mais est finalement expulsé vers Belgrade, sans espoir ni de pouvoir retrouver son lieu d’origine au Kosovo ni de pouvoir s’établir en Allemagne. Dans le Belgrade exsangue de l’après Milosevic et de l’embargo international, nous suivons Kenedy dans son quotidien fait de débrouilles et de petits boulots en tous genres. Nous le suivons ainsi sur la route de l’aéroport où il propose ses services de taximan... Il y rencontre d’autres Romani expulsés d’Allemagne, complètement déboussolés, atterrissant dans une ville qui leur est inconnue. Kenedy les aide à y faire leurs premiers pas, leur prête une oreille attentive, tout en n’oubliant pas de se faire payer la course ! Il s’agit d’un document lumineux et rare qui nous confronte à l’expérience du retour forcé.
Ce film est suivi d’une postface de 26’, Kenedy Lost & found.

20.10 > 20:00 + 28.10 > 18:00


André van der Hout, 2003, NL, 35mm, vo st ang, 71

L’exil d’un père à la recherche de la terre promise vu, une génération plus tard, par son fils qui revient sur les traces de son histoire familiale. Le père, travaillant à la mine en rêvant d’une autre vie, finit un jour par partir pour l’Amérique. Plein d’espoir et les poches pleines des payes qu’il volera aux autres mineurs avant de fuir, il partira à bord d’une barque, avec comme ramme le "bras de Jesus", un morceau de bois arraché à une énorme effigie du Christ. Le fils, homme d’affaires établi aux USA, connait cette histoire, mais ne sait pas ce qu’il est réellement devenu. Lors d’un voyage aux Pays-Bas, il découvrira que son père n’a finalement pas été aussi loin qu’il le voulait et que son maigre butin et son embarcation de fortune lui permirent tout juste d’atteindre Rotterdam. La plupart des rôles sont joués par les membres du groupe "De Kift", qui interprètent aussi la musique mélancolique qui guide le film. Les images d’archives étranges et poètiques utilisées pour les flashbacks donnent au film un côté mystérieux, qui colle parfaitement avec l’ambiance sonore créée par "De Kift". Un très beau film et une belle illustration de leur univers, en dessous du niveau de la mer.

+ concert : De Kift > 21:30

21.10 > 20:00


Film en 2 parties ! L’une à 18h et l’autre à 20h

"Comment vous appelez-vous ? D’où venez-vous ? Pourquoi venez-vous aux États-Unis ? Quel âge avez-vous ? Combien d’argent avez-vous ? Où avez-vous eu cet argent ? Montrez-le-moi. Qui a payé votre traversée ? Avez-vous signé en Europe un contrat pour venir travailler ici ? Avez-vous des amis ici ? Avez-vous de la famille ici ? Quelqu’un peut-il se porter garant de vous ? Quel est votre métier ? Êtes-vous anarchiste ? Etc." De 1892 à 1924, près de seize millions d’émigrants en provenance d’Europe sont passés par Ellis Island, un îlot de quelques hectares où avait été aménagé un centre de transit, tout près de la Statue de la Liberté, à New York. Mais pourquoi donc vous intéresser à Ellis Island ? Rien dans votre histoire personnelle ne vous y rattache... Tout cela n’est qu’une question de hasard, il s’agit d’un lieu de mémoire potentiel. Comment percevoir ce qui s’est passé là au travers des traces qui en restent ? Comment tenter de représenter ce qui s’est passé là ? Qui sont tous ces gens qui reviennent visiter ce lieu où ils ont passé leurs premières journées d’immigrants ? Le commentaire de Georges Perec constitue une manière d’autobiographie probable qui revisite les thèmes préférés de l’auteur, la mémoire et les racines.

22.10 > 18:00 + 22.10 > 20:00


Georges Perec & Bernard Queysanne, 1974, FR-TU, 35mm, vo, 97

"Un homme qui dort" est l’adaptation cinématographique du roman du même nom de Georges Perec. Ce texte, hypnotique, tout entier rédigé à la seconde personne du singulier, énonce la tentative de retrait du monde d’un jeune étudiant parisien. "Ce n’est plus la fascination, mais le "refus" des choses, le refus du monde. (...) Ce n’est pas du tout l’impossibilité de communiquer ; ce n’est pas du tout métaphysique. C’est vraiment l’histoire de quelqu’un qui, un jour, a envie de dire : "Foutez-moi la paix ! Laissez-moi tranquille", qui ne passe pas un examen, et qui traîne pendant deux ans" (Extrait d’un entretien entre Georges Perec & Jean Duvignaud). Le film joue à merveille des scansions du texte qui tissent avec les bruits ambiants une bande-son complexe, décalée et enivrante. Entamé dans un quasi ennui, textes et images presque trouvées évoluent sous l’effet d’une rythmique toujours plus éffrénée, jusqu’au tourbillon. Une expérience de l’errance aussi radicale que peu spectaculaire et une adaptation cinématographique très maîtrisée.

22.10 > 22:00


Leila Habchi & Benoît Prin, 1994, FR, video, vo, 52

Bakhta, Houria et Messaouda sont trois mères de familles algériennes venues en France au début des années soixante. Trente années ont passé, la majeure partie de leur vie s’est déroulée à Grande Synthe, une cité ouvrière du nord de la France. C’est là que leurs maris ont trouvé du travail, c’est là qu’elles ont accompli leur rôle de mère et de grand-mères d’enfants nés et éduqués en France. Loin du cliché de l’épouse soumise et ignorante, elles ont été les témoins d’une histoire de l’immigration au jour le jour. Ce film privilégie les situations de dialogues entre mères et filles ainsi que les réunions de femmes, autant d’occasions de pénétrer au coeur des débats familiaux et de dépasser les discours simplistes et globalisants sur l’intégration ou l’islam.

En présence des réalisateurs

27.10 > 20:00


Leila Habchi & Benoît Prin assités de Linda Ghorab, 2001, FR, video, 81

Près de 40 ans après la fin de la guerre d’Algérie, dans un jardin ouvrier du Nord de la France à Tourcoing, Français et Algériens cultivent leur bout de terre. Ces hommes ont été les appelés, les militants du F.L.N ou les "harkis" d’une guerre coloniale menée par la République française. Ce jardin est donc le lieu d’une mémoire multiple, où se retrouvent des hommes qui auraient pu se rencontrer à la guerre ou à l’usine. C’est la culture d’un potager, activité universelle s’il en est, qui les rassemble ici. Contemporains à distance d’une histoire commune, parfois indifférents, voire hostiles les uns aux autres pour des motifs culturels, sociaux ou politiques, ils travaillent côte à côte le même morceau de terrain.

27.10 > 22:00


Tristan Wibault, 2006, BE, video, vo st fr, 51

16 Iraniens demandeurs d’asile entament une grève de la faim le 30 décembre 2003 dans la sacristie de l’église des Minimes, à Bruxelles. La camera enregistre des paroles individuelles, ce qu’ils ne veulent plus vivre, ce qui les pousse à poser ce geste ultime, le temps qui passe et la vie qui s’échappe. Tout est filmé entre le 9ème et le 10ème jour de la grève, tant qu’il y a encore assez d’énergie pour témoigner. Une grève de la faim n’a de raison d’être que si elle est publique. Dans cette mise en spectacle qui nous est offerte, les cris du public sont attendus avec impatience. Alors que captivés par les récits d’Iran, nous pourrions ne plus percevoir que les narrateurs de leur propre histoire déclinent devant nous, des extraits de la parabole de Franz Kafka, Ein HungerKünstler (Un artiste de la faim), tout en opérant un détour, renvoient à l’essentiel de ce que nous donne à voir les images. Un inconcevable qui veut que nous le regardions, un huis clos présent.

+ Asyl

Ina Volmer, 1995, CH, video, vo st fr, 15

Un dispositif très simple. Un interrogatoire : la fonctionnaire est de face, derrière son bureau et sa machine à écrire. La demandeuse d’asile, arrivée de Bosnie, est de dos. Le traducteur, entre les deux, est de profil. Quand avez-vous décidé de quitter votre pays ? Quel itinéraire ? Vous avez voyagé seule ? Qui vous a aidée ? Comment avez-vous financé le voyage ? Pourquoi avoir choisi la Suisse ? Etc... Les questions se succèdent, pour décortiquer l’histoire d’une guerre, pour guetter la défaillance. Ce document, filmé à Zürich, dégage un étrange air de déjà vu d’interrogatoires menés à Bruxelles au CGRA.

(aussi le 12.11 > 20:00)

28.10 > 20:00


Jonas Mekas, 1976, US, 16mm, vo st fr, 180

"La période que je décris à travers ces six bobines de film fut une période de désespoir, de tentatives pour planter désespérément des racines dans cette terre nouvelle, pour créer des souvenirs. À travers ces six douloureuses bobines, j’ai essayé de décrire les sentiments d’un exilé, mes sentiments pendant ces années-là. Elles portent le nom de Lost, Lost, Lost, titre que nous voulions donner, mon frère et moi, à un film que nous voulions faire en 1949 et qui aurait suggéré notre état d’âme en ces temps-là. Le film décrit l’état d’esprit d’une "personne déplacée" qui n’a pas encore oublié son pays natal mais qui n’en a pas encore "gagné" un nouveau. La sixième bobine est une transition, elle montre comment nous commençons à respirer, à trouver quelques moments de bonheur. Une nouvelle vie commence..." - Jonas Mekas, 31 mars 1976Jonas Mekas est né en Lituanie en 1922, au sein d’une famille d’agriculteurs. En 1944, son frère Adolfas et lui sont contraints de fuir leur pays envahi par l’Union Soviétique. C’est ainsi que va démarrer la "deuxième vie" de Jonas Mekas, celle de l’exilé involontaire dont le cinéma va devenir la patrie.

29.10 > 18:00


Michale Boganim, 2004, FR-IL, 35mn, vo st ang, 102

Ville que l’on veut fuir, ville que l’on veut retrouver, ville que l’on rêve, Odessa, ville historique d’Ukraine au bord de la mer Noire, elle obsède ses habitants ou ceux qui l’ont quittée. Michale Boganim transmet, dans un défilement permanent de l’image, comme un effleurement de la réalité, une cité qui au fil de son évocation devient un personnage à part entière. Racontée, chantée par ceux qui la connaissent, ou l’ont connue, elle s’identifie à un fantasme, une fiction. Par la beauté de son travail, le film de Michale Boganim devient poème, et ses protagonistes, dans une complicité évidente, participent à cet enchantement du récit. Dispersés aux quatre coins du monde, d’Odessa, de Brighton Beach (New York), d’Israël, ils en parlent comme d’un lieu mythique, idéalisé, comme un paradis perdu. A la fois Juifs, mais devenus Russes, dans cette distance radicale de ceux qui ont vécu dans un monde différent, Odessa est ce qui les rattache à la splendeur rêvée d’un univers à jamais disparu, les souvenirs complexes et ambivalents de la Mitteleuropa et d’une utopie soviétique englouties.

29.10 > 22:00 + 09.11 > 20:00


Abderrahmane Sissako, 2002, MR-FR, 35mm, vo st fr & nl, 95

"En attendant le bonheur" offre un regard intensément poétique et généreux. Nouadhibou, ville de transit aux confins de la Mauritanie, derrière la mer, où l’on aperçoit les bateaux en partance vers l’Europe, et en face du désert. En attendant un hypothétique départ on finit par y rester, déjà ailleurs, mais toujours loin de la destination. Tout le désir de fuite des voyageurs qui y convergent se trouve condensé dans le personnage de Abdallah, un jeune Malien de 17 ans. Il ignore la langue locale et reste réservé et solitaire malgré les efforts infructueux de sa mère, tout absorbé qu’il est par l’horizon de l’attente et du départ. Entre temps, il observe la vie qui se déroule autour de lui, faite de passation et d’apprentissage, entre souvenir et espoir.

02.11 > 20:00


Arnaud des Pallières, 2003, FR, 35mm, vo, 125

Menacé en Algérie, Ismaël émigre en France, le temps que ceux qu’il fuit l’oublient. Il raconte son parcours clandestin sous la forme d’un conte biblique, l’histoire de Jonas dans la baleine. Ailleurs en France, un vieil agriculteur perd son plus jeune fils. Ses trois enfants l’aident à traverser l’épreuve des funérailles, mais le vieux père sombre dans une sorte d’indifférence mélancolique, perdant peu à peu jusqu’à la force de vivre.Ces deux histoires ne se rencontrent pas. "Arnaud des Pallières ne donne aucune leçon, n’assène aucune solution binaire : il nous propose de participer d’un mystère. Et si toutes les réponses sont absentes, la question du film est posée dans son affolante beauté, renouant ainsi avec la fonction première du cinéma : inviter le spectateur à saisir, le temps d’un film, la beauté complexe d’une époque (la nôtre en l’occurrence), à en ressentir l’émotion parfaitement inouïe" (Vincent Dieutre).

02.11 > 22:00 + 10.11 > 20:00


Ousmane Sembène, 1966, SN, 35mn, vo fr , 61

"La Noire de..." est un film implacable. Le cinéaste sénégalais adapte pour son premier long métrage le récit d’une de ses nouvelles. Une jeune sénégalaise, Diouna, rejoint en France un couple de coopérants. Elle imaginait qu’elle s’occuperait des enfants, découvrirait la France, s’épanouirait... Elle ne sera que la bonne à tout faire de Madame. Face à la condescendance du Blanc et sa position de pouvoir, la situation dégénère rapidement et bientôt, il ne reste à "la Noire de...", isolée des siens, que les postures du refus et du mutisme. Après les indépendances, ce film dénonce la persistence des rapports de dominations. "La Noire de...", devenu un grand classique du cinéma africain, trace une voie que le cinéaste suivra tout au long de son oeuvre, un art populaire et exigeant, un art de la parole donnant matière à dialoguer. " Je ne sais pas pourquoi je filme mais tout un peuple m’habite et je dois témoigner de mon temps. " Sembene Ousmane

+ *Désolés, Madame, nous arrivons juste du Mali
Boubacar Diallo, Fr-ML, video, vo, 13’*
Mon rapport avec la société occidentale m’inspire beaucoup dans mon travail : la confrontation des deux cultures. Cette vidéo intitulée "Désolés, Madame nous arrivons juste du Mali", est l’illustration d’un texte que j’ai commencé à écrire depuis ma venue en France. C’est comme un journal intime dans lequel j’écris les dialogues que j’ai entendus dans le bus, dans des familles, dans le lieu où j’étais hébergé, à l’Ecole des Beaux-Arts...
Ce texte, d’abord écrit et édité, a été mis en image de manière à le partager avec le spectateur. Le rapport texte/image illustre la relation à l’autre et montre l’image déformée que l’on peut percevoir de l’autre. Filmé avec une lampe, mon visage caricatural, projeté sur le mur, souligne les préjugés qui émergent du texte.

aussi le 3.11 à 20:00, le 4.11 à 22:00 et le 12.11 à 18:00

03.11 > 20:00


Show-Chun Lee, 2004, FR, video, vo st fr, 48

"Ma vie est mon vidéo-clip préféré" est un portrait sensible qui retrace l’arrivée clandestine d’une jeune fille chinoise à Paris. Doucement, et avec une dignité impressionnante, elle évoque l’amitié et l’exploitation qui règnent dans le milieu de l’immigration chinoise, l’arrivée de sa soeur, les inquiétudes de ses parents restés "là-bas" et la monotonie accablante de son travail soumis à des conditions honteuses et impitoyables dans un atelier de textile. Les immigrés chinois qui "réussissent" dans leur vie ont l’habitude de faire des clips vidéo lors des grandes fêtes, mariages, naissances etc. Puis ces clips, où miroite une vie luxueuse à outrance, sont envoyés en Chine. Show Chun Lee nous montre un exemple d’une vie humaine parmi des milliers qui ne correspondent d’aucune façon à la réalité mensongère des vidéo-clips. A travers un film qui évite toute sensiblerie et tout misérabilisme, et dont la dernière image dénonce la société de consommation avec une puissance rare.

+ La femme seule

Brahim Fritah, 2005, FR, video, vo, 23

Akosse Legba, une jeune femme Togolaise a été victime d’une forme d’esclavage moderne. Un luxueux appartement parisien est le théâtre des réminiscences de son passé. Ainsi, dans les pièces vides résonne sa voix qui raconte les conditions de sa venue en France, ses souffrances et comment un fragile processus d’affranchissement s’est lentement mis en place, grâce aux objets qui constituaient son environnement quotidien. En filmant ces objets, on découvrira la relation qui s’est nouée entre elle et son univers domestique, pendant les deux ans qu’ont duré son "emprisonnement". Et au fil du récit, à travers ces objets, des souvenirs lointains ressurgiront. Dès lors nous plongerons dans les méandres de son passé, quelque part dans un petit village au Togo... Avec une belle économie de moyens, ce témoignage recueilli n’en est que plus vibrant.

03.11 > 22:00 + 11.11 > 18:00


Alithe Thysen, 2003-2006, NL, video, vo fr , 19’ + 8’ + 13’ + 14

"Rue Ponty a été réalisé pour montrer le rejet que les vendeurs de rue de la rue Ponty suscitaient chez mes compagnons de voyage néerlandais. Je voulais leur donner un visage et une voix. Rue Ponty a été pour moi le point de départ d’une série de vidéos sur les migrants-vendeurs de rue sénégalais en Europe. Comment ces nouveaux arrivants peuplent l’espace public. Il est question d’une continuité de pratiques commerciales dans un autre environnement.
Sidi M’Baye est le personnage principal de Plaza Duomo. Les circonstances économiques l’ont forcé à quitter le Maroc à la suite du 11 septembre. Il s’y était bâti une existence comme Masaï, esclave, et comme il l’exprime lui-même, de Noir dans des films hollywoodiens américains. Il y a aussi d’autres immigrants qui peuplent la Plaza Duomo à Milan, des Chinois, des Européens de l’Est.
A Rotterdam, dans mon lieu favori, j’ai suivi un groupe de vendeurs de rue sénégalais pendant le festival d’été. La combinaison de la politique répressive des autorités néerlandaises et de l’esprit commercial hollando-sénégalais est ici mis en image. Qu’est-ce que l’exotisme ? La parenté couramment supposée en Hollande entre les cultures africaines et caraïbes n’est pas si évidente" (Alithe Thysen).

En présence du réalisateur

04.11 > 18:00


CaNaFou, 2004, BE, video, vo st fr, 50

Le documentaire "Rue du Nord" a été réalisé à l’occasion des 40 ans de l’immigration marocaine en Belgique. C’est l’histoire de personnes qui ont quitté leur pays pour venir travailler en Belgique suite à l’appel du gouvernement belge de l’époque. Chaque personne a son parcours de vie. Elles ont un point commun, travailler en Europe. Comment cela s’est-il passé ? Quelles ont été les aventures rencontrées par ces personnes ? Tout cela avec le regard croisé d’un prêtre ouvrier et d’un syndicaliste. Le documentaire offre un flux de témoignages très riche d’hommes et femmes qui racontent leurs parcours et leurs expertises de l’exils qu’ils vivent. Ces personnes donnent aussi des réponses subjectives aux problèmes spécifiques aux exilés (l’accueil, l’identité, le retour, etc ...). Ce documentaire a été réalisé par des non-professionnels. Avec l’idée de s’en servir comme support pédagogique pour des animations dans des écoles, auprès d’élèves qui ont entre 15 et 17 ans. Et de poser la question de la transmission de cette histoire.

+ Octobre

Abderrahmane Sissako, 1993, MR-RU, 35mm, vo st fr, 38

Abderrahmane Sissako est né le 13 octobre 1961 à Kiffa, en Mauritanie. Peu après sa naissance, sa famille émigre à Bamako, au Mali, où il effectue une partie de ses études primaires et secondaires. Très jeune il a connu l’exil. Après un bref retour en Mauritanie, il part en Union soviétique. Il effectue des études de cinéma à Moscou de 1983 à 1989. Sorti diplômé du VGIK, l’Institut fédéral d’Etat du Cinéma, il tourne en 1993 en Russie son premier moyen-métrage,"Octobre", c’est l’histoire d’amour impossible entre Idrissa, jeune Africain venu étudier quelques années à Moscou, et Ira, rencontrée dans la capitale russe. " Octobre ", c’est aussi Moscou sous le froid et la solitude de deux amants qui résistent aux regards malveillants. Une fiction dont les thèmes principaux, à savoir l’expérience de l’exil et les rapports Occident / Afrique, sont représentatifs de l’oeuvre de Sissako. A propos de Octobre dit-il, " mes héros semblent souvent étrangers à ce qui leur arrive, dans une vie, dans une famille, il y a toujours un étranger. il est vrai que si dans mes films on retrouve toujours l’étranger, je dirais qu’il est étranger intérieur. Octobre était un geste d’adieu. Je me suis découvert étranger très vite. C’est à la fois une richesse et une grande difficulté à vivre. Octobre l’exprimait bien, car à Moscou les histoires d’amour étaient impossibles. " Une excellente opportunité de revoir les oeuvres d’exception qui composent la filmographie du cinéaste mauritanien. Son regard, fédérant avec un rare bonheur la fiction et le documentaire, le politique et le poétique.

04.11 > 20:00


Maison de Jeunes Le 88, 2002, BE, video, vo, 35

Un groupe de jeunes Maroxellois de la maison de jeunes du quartier des Marolles part à Alméria, en Andalousie, à la rencontre des travailleurs agricoles immigrés clandestins. Nous les voyons découvrir les conditions de travail épouvantables dans lesquelles ces hommes sont maintenus, et avec eux, au fil des rencontres, nous décortiquons un système d’exploitation aussi simple qu’efficace : venus en Europe au péril de leur vie, ces hommes sans-papiers, sont taillables et corvéables à merci.

+ D’une place à l’ATre

Maison de Jeunes Le 88 & CVB, 2005, BE, video, vo, 24

De la place du Jeu de Balle (Bruxelles) à la place Jamaa El Fna (Marrakech), des jeunes explorent leur(s) identité(s) à travers un tumultueux voyage initiatique.

+ *Désolés, Madame, nous arrivons juste du Mali
Boubacar Diallo, Fr-ML,, video, vo/ov, 13’*
Mon rapport avec la société occidentale m’inspire beaucoup dans mon travail : la confrontation des deux cultures. Cette vidéo intitulée " Désolés, Madame nous arrivons juste du Mali ", est l’illustration d’un texte que j’ai commencé à écrire depuis ma venue en France. C’est comme un journal intime dans lequel j’écris les dialogues que j’ai entendus dans le bus, dans des familles, dans le lieu où j’étais hébergé, à l’Ecole des Beaux-Arts...
Ce texte, d’abord écrit et édité, a été mis en image de manière à le partager avec le spectateur. Le rapport texte/image illustre la relation à l’autre et montre l’image déformée que l’on peut percevoir de l’autre. Filmé avec une lampe, mon visage caricatural, projeté sur le mur, souligne les préjugés qui émergent du texte.

04.11 > 22:00


Ascan Breuer, Ursula Hansbauer & Wolfgang Konrad, 2005, DE, video, vo st ang, 50

Ce documentaire parle d’une forêt profonde située au milieu de l’Europe, au-delà de toute urbanité et civilisation. Elle abrite une communauté de bannis - un monde d’échoués. Un contrôle aussi total que subtil s’applique à ne pas les laisser émerger dans notre réalité. Dans "Forst", les bannis proclament leur vérité et racontent l’histoire de leur émancipation. Ils se rendent compte, peu à peu, de leur identité de réfugiés et ils se mettent à forger le plan de leur libération. Ce film est réalisé en collaboration avec The Voice, un collectif militant rassemblant des demandeurs d’asile en Allemagne. En se perdant au milieu de bois, il pointe le principe d’exclusion qui fonde la politique d’asile allemande en assignant à résidence les candidats dans des endroits reculés. Avec ses images sombres en noir et blanc, sa musique angoissante, les voix nous font pénétrer dans l’univers d’un film d’épouvante... Cette angoisse est celle de personnes qui demandent l’asile.

+ Rien ne vAT que la vie, mais la vie même ne vAT rien - Bricoler la vie au quotidien

Moïse Mabouna & Brigitta Kuster, 2002, DE, video, vo fr , 15

La vidéo "Rien ne vaut que la vie..." a été réalisée dans un centre pour réfugiés à Zerbst, Saxe-Anhalt, Allemagne. Les réfugiés participent à la réalisation du film et témoignent de leur condition de vie dans ce camp, tentent de cerner l’image d’eux-mêmes qui leur est renvoyée par la structure du camp et son personnel. Au final, ce qui se dévoile, c’est la caractère raciste d’une politique d’accueil qui n’en a que le nom. "Rien ne vaut..." est projeté en duo avec "Forst", deux essais réalisés en Allemagne, suivant des méthodes de travail différentes, mais qui tous deux mettent au coeur de leur narration les expériences intimes de la vie dans un camp pour réfugiés.

09.11 > 22:00 + 12.11 > 18:00


Am rande der Stadt

En bordure de ville

Aysum Bademsoy, 2006, DE, video, vo st ang, 83

A travers ce documentaire, nous allons à la rencontre de familles turques vivant en Turquie, mais avec cette particularité, ces familles s’inscrivent dans un retour au pays natal. Après de nombreuses années d’émigration en Allemagne, elles achètent des appartements dans de luxueux complexes immobiliers standardisés offrant tout le confort moderne de la société des services... Dans cette cité de rêve, Li Paris II, ils nous parlent de leur vie d’avant, de leurs impressions nouvelles sur la société turque qu’ils redécouvrent. Ce petit quelque chose qui fait qu’ils ne se sentent pas tout-à-fait chez eux, la marque indélébile que leur vie en Allemagne a finalement laissée en eux. Une vision paradoxale et désenchantée sur l’idéal du retour. La réalisatrice vit en Allemagne et fait partie de cette nouvelle génération qui interroge l’histoire des larges communautés immigrées arrivées en Europe après-guerre.

+ Grenze

Christiane Schmidt & Didier Guillain, 2005, DE, video, sans dial, 10

Des personnes attendent devant un poste de douane sur une frontière située au milieu de nulle part, en pleine neige. Pour passer cette frontière, ils tentent de s’adapter à des règles qui ne cessent de changer. Hilarant.

aussi le 11.11 à 22:00

10.11 > 22:00


Samy Szlingerbaum, 1979, BE, 35mm, vo yi st fr, 85

"Les parents de Samy Szlingerbaum sont venus de Pologne en 1947 avec un visa de transit valable huit jours pour le Costa Rica. Plus qu’un "récit autobiographique", Bruxelles-Transit se veut itinéraire émotionnel. Samy l’a conçu comme un chant de route, comme une confidence arrachée à sa mère qui racone en yiddish l’histoire de son voyage, de son arrivée et son installation à Bruxelles, de ses déménagements successifs, du travail clandestin, de la recherche des papiers. Le film ne comporte aucune archive d’époque ni véritable reconstitution. Son originalité et son authenticité résident dans l’illustration de ce récit en forme de mélopée par quelques scènes de fiction minimale, jouées presque au premier degré. Les "héros" ressemblent davantage à des silhouettes, qui ne parlent pas ou presque (...), dans des confrontations qui sont à chaque fois comme de courtes paraboles évoquant les films muets, ceux de Chaplin en particulier. (...) On entre dans ce film et surtout par la voix (off) qui remplit et entraîne les images, comme dans un rêve éveillé. La pudeur, la chaleur et la simplicité évidente du film, de son écriture, de son propos, ne font jamais oublier la souffrance et la tragédie de tout un peuple transplanté dans un lieu de transit, qui durerait finalement toute une vie" (Boris Lehman)—

11.11 > 20:00


Rihty Panh, 1989, FR, video, vo st fr, 90

Ce premier long métrage de Rithy Panh, a été réalisé aux abords de la frontière cambodgienne du côté thaïlandais. Le réalisateur revient sur le camp de réfugiés "Site 2" dans lequel 180.000 Cambodgiens survivaient et où il a lui-même séjourné quelques semaines après la fin chaotique du régime des Khmers rouges. Après son arrivée en France, dix ans ont été nécessaires pour se reconstruire, pour retrouver sa langue maternelle qu’il ne voulait plus parler après avoir voulu être "le plus loin possible de son passé". En faisant corps de manière sobre délicate avec l’expérience de Yim Om, survivante du génocide rencontrée dans les dédales du camp, Rithy Panh fait apparaître les conditions de vie qui sont celles de bon nombre des réfugiés de la planète, existences déracinées et en attente, administrées par les institutions humanitaires. Le film esquisse surtout les exigences qui seront celles du réalisateur le long de son parcours cinématographique d’exilé : "Remonter la piste qui mène au coeur de la même question qui a bouleversé mon existence et surtout celle de mon pays : pourquoi ?"

+ Asyl
(voir plus haut)

12.11 > 20:00


Eyal Sivan, 1987, FR-IL, 16mm, vo st fr, 81

Aqabat-Jaber est l’un des soixante camps de réfugiés palestiniens construits par l’ONU au début des années 1950 au Moyen-Orient. Situé à trois kilomètres au sud de Jéricho, c’était alors le plus grand camp du Moyen-Orient. La plupart de ses 65.000 habitants venaient de villages du centre de la Palestine détruits en 1948. La guerre de 1967 poussa 95% de cette population à fuir vers l’autre rive du Jourdain. Les traces de la guerre et les effets d’érosion du désert accentuent le contraste entre les refuges abandonnés et les cabanes encore habitées. Aqabat-Jaber devient une ville fantôme. Tourné en 1987, quelques mois avant l’Intifada, ce film raconte l’histoire d’une génération déshéritée, élevée dans la nostalgie d’endroits qu’elle n’a jamais connus et qui n’existent plus. L’histoire d’une solution temporaire devenue mode de vie permanent. Un film sur la mémoire et la parole nostalgique, un témoignage sur le vécu de l’absence.

+ Aqabat-Jaber, paix sans retour ?

Eyal Sivan, 1995, FR-IL, 16mm, vo st fr, 61

Peut-on envisager la paix israélo-palestinienne sans le retour des réfugiés palestiniens à leur terre natale, devenue Israël ? S’agit-il d’un retour physique ou d’un retour symbolique, fondé sur la reconnaissance de l’injustice infligée au peuple de Palestine en 1948, lors de la création de l’Etat d’Israël. Après avoir tourné "Aqabat-Jaber, Vie de Passage" à la veille de l’Intifada, Eyal Sivan revient dans ce camp de réfugiés au lendemain de l’évacuation de la région par l’armée israélienne. Le camp est aujourd’hui sous autonomie palestinienne. Ses 3000 habitants n’ont pourtant pas changé de statut. Après les accords de paix, ils restent des réfugiés et ne peuvent rentrer dans les villages dont leurs parents ont été chassés. Au coeur du conflit israélo-palestinien, la question du retour des réfugiés déterminera l’avenir du Moyen-Orient. Ce film qui se veut analogique raconte l’histoire des réfugiés palestiniens comme celle de tous les réfugiés, populations déportées, personnes déplacées, qui sont au centre des grands conflits du XXème siècle.

12.11 > 20:00


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