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Images mentales

Créé en 1977 par le Dr Alain Bouvarel, le festival Ciné Vidéo Psy de Lorquin, qui a lieu dans l’ancien hôpital psychiatrique de cette bourgade de Lorraine, en est à sa 30ème édition. Il est devenu le reflet des évolutions de la psychiatrie contemporaine, de ses crises, de ses liens avec le social ou le politique. Ses premières années ont été le témoin de l’enthousiasme des professionnels, qui croyaient régler définitivement les abus d’une psychiatrie asilaire et concentrationnaire. C’est l’époque des grands affrontements idéologiques, des querelle d’école entre courants de pensée, psychanalyse, marxisme, antipsychiatrie... Une vision humaniste de la psychiatrie prédominait alors.
La prise en charge progressive des patients en dehors de l’hôpital va élargir le champ de la santé mentale à d’autres disciplines (médico-social, éducation, droit, expression artistique...).
Lorquin est devenu un point de croisement entre les professionnels du soin et ceux de l’image. Chaque année, un jury composé de professionnels de la santé et des médias a primé des films se distinguant par un regard particulier sur des questions relatives à l’univers psychiatrique et psycho-social.
A l’occasion de ce trentenaire, le Nova, en collaboration avec Psymages et la Ligue bruxelloise francophone pour la Santé mentale, propose de découvrir quelques uns des films qui ont jalonné l’histoire de ce festival, témoins de l’évolution contemporaine de la psychiatrie, de les associer à d"autres productions et de confronter les images de la santé mentale d’hier et d"aujourd’hui. Projections et débats tenteront de répondre aux questions posées par l’évolution du champ de la psychiatrie et de sa représentation filmée.

P.S. Le festival « Images mentales » propose également des projections et rencontres au Cinéma Arenberg, du 2 au 4 mai. Avec notamment l’avant-première belge de « Folle embellie » de Dominique Cabrera, en sa présence. En matinée et en après-midi, des documents d’archives sur la psychiatrie des années ’60 et ’70 ; des films sur l"ethnopsychiatrie ; d’autres encore sur l’engagement professionnel du personnel soignant, les questions liées à l"autisme, au vieillissement, au rapport au père... Renseignements et programme : www.psymages.be et www.cinergie.be



+ Défilé

Corinne Behin & Myriam Saduis, 1999, BE, video, vo fr , 16

"En février 1999, nous avons présenté au Club Antonin Artaud un défilé de mode dans un esprit fantasque et quelque peu satirique. Ce projet avait engagé 6 mois de travail - recherche pour chacun d’un vêtement fantasque, utilisation de matériaux détournés (...) lectures de comptes-rendus des défilés de grands couturiers, écriture de textes commentant chaque vêtement, apprentissage d’une démarche convoquant les regards... In fine, ce travail avait donné lieu à une représentation qui fut pour chacun des participants un moment de grâce et de fantaisie. Nous avons ensuite eu le désir d"aller plus loin en réalisant une vidéo et (...) nous avons rendu compte de ce processus d"élaboration qui permettait un nouveau regard sur l"événement" (M. Saduis).
Clé de bronze - Lorquin 1999

+ Maboul Palace
Atelier Vidéo du Code de l"Equipe, Belgique, 2003, Beta SP, vo fr / fr ov, 20"
Au départ, il y a le désir des participants à l"atelier vidéo de réaliser une comédie sur le sujet de l"hospitalisation en psychiatrie. Le travail s"est construit d"après les impressions, sentiments et souvenirs de patients du Code ayant raconté l"un ou l"autre épisode de leurs séjours en hôpital psychiatrique. Ensuite, il a consisté à imaginer un univers ludique inspirés par films comme « Jumanji », « The cube », ou « Le prisonnier ». Paul Cambier, un homme comme les autres, est soudain éjecté de son univers quotidien et « atterrit » brutalement dans le Maboul Palace dont il va progressivement découvrir les règles.

+ Rodin dans son jardin

Réalisé par les patients de l¹Association Elan Retrouvé (Institut Paul Sivadon), 1994, FR, vidéo, vo fr , 17

Au départ, un montage d’images à visée documentaire consacré aux statues du Musée Rodin. Puis, lors de l"écriture du texte, un effacement du terme « musée » au profit d"un retour signifiant « d"hôpital de jour », désormais nommé Auguste Rodin, lieu d"une catastrophe surnaturelle qui pétrifia l"ensemble de sa population à la suite de la rupture des stocks de neuroleptiquesŠ
Clé d"or - Lorquin 1995

+ Rumba cérébrale

Centre de réadaptation psychosociale Le Déclick, 2004, CA, video, vo fr , 0

Que ressent-on quand le réel perd son sens ? Film sur la manifestation du délire, Rumba cérébrale met en situation Neuf jeunes Québécois lors de leur premier épisode psychotique. Le destin des protagonistes bascule le 11 septembre 2001. "Il fallait un événement dramatique parce que l’un des éléments déclencheur d’un état de psychose, c’est le stress. Le film est un travail de conscientisation, c’est une démarche vers l’absolution d’un des derniers grands tabous."
Sélection 2006 - Lorquin.

La projection sera suivi d’une rencontre avec Françoise Dumont, psychiatre, Martine Lombaers (Atelier vidéo du Code, Bruxelles), Philippe Laly (Rencontres nationales vidéo en Santé mentale, Paris) et Myriam Saduis (Club Antonin Artaud, Bruxelles)

04.05 > 20:00


Thierry Augé, 1989, FR, video, vo fr , 54

"Dans certaines maisons de la région d’Ainay-le-Château, dans le Bourbonnais, un des murs de la chambre des propriétaires était autrefois percé d’une lucarne. L’ouverture ainsi pratiquée donnait sur les quartiers réservés à leurs pensionnaires, des malades mentaux, hommes et femmes. Les "parents d’accueil" pouvaient dès lors aisément surveiller les égarements passagers de leurs "protégés". Voilà déjà cent ans que ces pratiques existent et, aujourd’hui, quatre cents familles de l’endroit accueillent quelque mille patients principalement originaires d’hôpitaux parisiens. Là, c’est la campagne, nous y sommes des étrangers. Les gens de la ville n’ont pas colonisé les lieux, ils y ont envoyé leurs fous. Ces hommes et ces femmes ne sont pas un problème dont il est urgent de parler : ils ne dérangent personne, ils sont hors du monde, du nôtre. Chacun d’entre eux est, tout au plus, une petite tragédie du grand ordinaire, de celles que la société préfère laisser dans l’ombre et qui nous laisse toujours un arrière-goût amer" (Th. Augé).

+ Futur antérieur

Philippe Coen, 1988, FR, video, vo fr , 24

Karl est étudiant, il attend les résultats d’un concours. Nicolas entraine Karl dans une spirale d’angoisse. Ce dernier projette alors en lui une vie imaginaire.
Clé d’or - Lorquin 1988

04.05 > 22:00


Interné à 8 ans dans l’institut fondé par Bruno Bettelheim, l’école orthogénique de Chicago, réputée accueillir les enfants généralement reconnus comme irrécupérables par toutes les autres structures, Stephen Elliot subit des tests psychologiques qui mettent en évidence son intelligence supérieure, mais signalent un processus de nature schizophrène, des angoisses paranoïdes suffisamment graves pour indiquer un traumatisme précoce. On préconise un traitement. Il durera treize ans. Aujourd’hui, Steve est banquier à New York. Comment a-t-il réussi à mener son combat ? De tous les enfants accueillis à l’école de Bettelheim, il est le seul à avoir réussi à en témoigner dans un livre intitulé "La Métamorphose, mes treize années chez Bruno Bettelheim". Ce film reconstruit son histoire.
Clé de bronze - Lorquin 2004

+ Petits morceaux de lumière

Alain Bouvarel & Régis Cael, 1996, FR, video, vo fr , 52

Au travers de six histoires cliniques, ce film documentaire retrace les étapes diagnostiques, thérapeutiques et éducatives de six enfants autistes en donnant la parole à tous les secteurs de la prise en charge. Les témoignages, et particulièrement ceux des parents, tissent la trame de ce document qui met en évidence l’articulation et la complémentarité de la démarche de soin et de la démarche éducative dans le suivi des enfants autistes en hôpital de jour.

La projection sera suivie d’une rencontre avec le docteur Alain Bouvarel, directeur du Festival de Lorquin et pédopsychiatre.

05.05 > 20:00


Marie-Ange Beaucé, 1988, FR, video, vo fr , 58

Ce document nous dépeint, sans voyeurisme ni misérabilisme, le vécu quotidien du clochard, ses rites, ses pièges, la mort qui rôde en permanence. Ceux que l’on rencontre ont été choisis dans le milieu même où ils vivent ; ils sont de Nancy mais ils pourraient tout aussi bien vivre à Paris, New-York ou Montréal. L’itinérance est universelle et partout le clochard vit le même drame.
Clé d’or - Lorquin 1989.

*+ Autoportrait d’un schizophrène
Eric Duvivier et Didier-Jacques Duché, Fr, 1977, DVD, vo fr / fr ov 21’*
"Le vide est mon miroir, la mort ma compagne. Je gis, je ne suis plus rien de moi..." La déchirure intérieure d’un malade, joué par Pierre Clementi, à partir des écrits authentiques d’un patient. Une expérience de cinéma subjectif où la caméra prend la place de la tête du sujet.

La projection sera suivi d’une rencontre avec le docteur Luc Colinet, coordinateur "Précarités et Santé mentale", psychiatre au SSM Le Méridien.

06.05 > 18:00


Arnout Hauben, 2005, BE, video, vo st ang, 82

A Geel, près d’Anvers, sur 34000 habitants, il y a 550 "fous du village". C’est qu’une tradition séculaire veut que les paysans accueillent au sein de leur famille des patients psychiatriques. Ceux-ci n’y sont pas en vacances, mais en deviennent membres à part entière et participent à la vie de leur famille adoptive. Parfois durant des dizaines d’années.
Arnout Hauben a suivi quatre de ces familles pendant quatre saisons, et filme "la vie comme elle va", sans pathos ni rebondissement spectaculaire : Robke et Eddie, les colombophiles (aussi nombreux dans cette région que dans le Hainaut des "Convoyeurs attendent), Léon, virtuose de la scie à bois, Klara, qui aime les escapades à la mer, et dont les parrains ne peuvent plus se passer.
Geel est un documentaire produit pour la télé flamande, d’excellente facture, qui - pour une fois - prend la temps de nous raconter les petites choses de la vie, parfois amusantes, parfois un peu tristes, jour après jours, dans ce petit village finalement unique au monde.
En présence d’Arnout Hauben.

+ Je ne suis pas un animal

Zorobabel & Gsara, 2005, BE, video, 7

Huit jeunes, patients dans un hôpital psychiatrique bruxellois, ont participé à toutes les démarches de création. Une chenille, deux singes, une colmobe, un rhino, un toucan et un papillon évoluent dans des décors champêtres et nous racontent une tranche de vie, nous livrent leurs attentes, leur recherche, leurs espoirs fous d’avenir, leur chemin accidenté, leur école buissonnière , leurs doutes, leurs questions, leurs amitiés...

06.05 > 20:00


Laurence Petit-Jouvet, 2002, FR, video, vo fr , 54

Lors de sa consultation à l’hôpital Avicenne de Bobigny, Marie-Rose Moro s’entoure de psychologues et d’ethnologues. Elle reçoit des familles migrantes, venues d’Afrique, d’Asie, du Moyen Orient et d’ailleurs. Car si l’on peut considérer, comme le faisait Georges Devereux, le précurseur de l’ethnopsychanalyse, que les maladies mentales et le fonctionnement du psychisme et de l’inconscient sont universels, c’est toutefois dans un code culturel spécifique que s’expriment les maladies et que se déroulent les psychothérapies. Les migrants de première génération sont par conséquent des personnes dont les problèmes ne peuvent éventuellement pas se comprendre par les voies habituelles de la médecine et de la psychiatrie. Là, les patients trouvent ce qu’aucune thérapie ne leur propose ailleurs : ils peuvent exprimer ce qui leur arrive, sans se couper de leurs croyances, de leurs coutumes, ni de leur histoire. Comme dans les sociétés traditionnelles où la maladie est soignée collectivement, le travail se fait en groupe. Lieu d’invention autant qu’espace clinique d’exception, ce service a accepté qu’une caméra témoigne du travail sensible qui s’y déroule.

+ Derrière les maux dits

Pierre Herz & Annick Le Boulanger, 1988, FR, video, vo fr , 15

Un regard caustique sur les travers de l’institution, fiction jouée par des non-soignants montrant le décalage progressif existant entre le discours professionnel et le ressenti d’une patiente pénétrant dans l’univers psychiatrique.
Clef de bronze - Lorquin 1988.

06.05 > 22:00


+ Cet homme derrière la vitre

Christian Deloeuil, 1980, FR, 8mm, vo fr , 58

"Ce film est la confession d’un homme que la société qualifie habituellement de malade mental. Il nous permet de découvrir un être doué de rares qualités d’âme et d’esprit. C’est aussi un témoignage parfois drôle, parfois tendre, parfois amer et bouleversant sur l’itinéraire d’un individu coincé entre la société, la famille, l’institution psychiatrique et lui-même. Jacques Zelnio est décédé en 1989 après avoir vécu reclus chez ses parents, dans une chambre de 10 m2 dont il ne sortait plus qu’à de très rares occasions...pour se faire prescrire des tranquillisants" (Christian Deloeuil, avril 1989).
Clé d’or - Lorquin 1980

+ Médicaments, paroles d’usagers

Ateliers 18 de Malakoff, 1999, FR, video, vo, 35

Xavier Moine, artiste en résidence à l’hôpital Paul GUIRAUD de villejuif, initiateur de l’atelier I.D. VISION, a réalisé ce film pour répondre à la demande du Docteur Denis Chino, qui était de donner la parole aux usagers confrontés à la psychiatrie et à la prise de leur traitement. Ils étaient libres de s’exprimer sur leur ressenti, leur vécu. Le travail de Xam était de tenter de nous plonger dans l’univers de la psychose : par la distorsion du son, des effets sonores et lumineux, de superpositions d’images afin de nous immerger dans cet univers parallèle.

La projection sera suivi d’une rencontre avec Marie-Agnès Lemoux (Atelier 18 de Malakoff, Paris) et Philippe Hennaux, psychiatrie et président de la LBFSM.

07.05 > 18:00


Malek Bensmaïl, 2004, DZ-FR, video, vo st fr, 105

En suivant au quotidien médecins, malades et familles dans le service de psychiatrie d’un hôpital de Constantine, le film tente de comprendre les souffrances que peuvent vivre, aujourd’hui les Algériens et de cerner le malaise social dominant dans ce pays, les difficultés qu’il rencontre pour définir son identité collective et nationale. La société algérienne a été profondément bouleversée durant le siècle dernier. La colonisation tout d’abord, a mis en contact - violent - deux cultures. Depuis 1962 et plus encore ces dix dernières années, l’Algérie n’a cessé d’être travaillée par l’opposition tradition/modernité, valeurs religieuses/valeurs démocratiques. S’intéresser à ce qui se passe aujourd’hui dans un hôpital algérien de psychiatrie est une façon de prendre le pouls de cette société en s’écartant du tourbillon des événements et de leur médiatisation. L’auteur dédie son film à son père, l’un des fondateurs de la psychiatrie algérienne.

07.05 > 20:00


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