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BRITISH !Documentary

Grace à l’intervention de structures publiques comme le British Film Institute ou depuis les années ’80 de certaines chaînes de télé, le documentaire a toujours eu une place importante dans le cinéma anglais. Si il est vrai que l’Angleterre a toujours été chef de file en matière de programmes factuels télé, elle est aussi le pays où sont nés les premiers « docu-soaps » et où ont été créés les « reality gameshows » qui par après ont fait le tour de la planète. Dans ce contexte quelques auteurs commencent à émerger, avec des prises de position explicites et radicales. Ceux pour lesquels nous avons eu un coup de coeur seront là pour accompagner et débattre de leur film.



+ Calais - la dernière frontière

Marc Isaacs, 2003, GB, video, vo st fr, 59

Pour certains touristes britanniques peu fortunés, Calais ca signifie les vacances à bon marché et les produits détaxés. Pour d’autres « voyageurs », venus de pays tourmentés, c’est la dernière étape (Sangatte) avant d’atteindre la terre promise. Le film de Marc Isaacs offre une confrontation saisissante entre ces deux mondes que tout sépare. Perdus au milieu de ces allées-venues, il y a aussi quelques Anglais qui se sont installés à Calais en espérant y faire des affaires et qui finalement se retrouvent endettés. Et tous semblent désemparés, pris au piège de la modernité dans cette ville de transit.
L’art documentaire de Marc Isaacs consiste à rendre les personnages de ces films dans toute leur vérité, dans toute leur beauté aussi. Sa caméra sait se faire oublier, pour qu’il ne reste plus que la rencontre entre un documentariste qui cherche à élucider le réel et quelqu’un qui se débat avec ce même réel. La complicité qu’il parvient à créer nous vaut des moments bouleversants ou tragi-comiques. Comme cet Afghan, seul au monde et dénué de tout, qui essaie des bonnets invraisemblables et qui se retourne vers son son ami-réalisateur pour solliciter son avis. Ou encore comme cette femme aux allures de Castafiore qui confie - entre deux coups de bluffs pathétiques - l’histoire de sa vie, celle des camps où elle fut internée, celle de sa mère dont elle fut séparée à jamais. Ce genre de retournement dont Marc Isaacs est familier nous montre la complexité de l’humain et nous garde de trop vite juger.

+ The Lift

Marc Isaacs, 2001, GB, video, vo st fr, 25

Un ascenseur dans un immeuble populaire de l’East End londonien. C’est ici que Marc Isaacs s’installe pendant plusieurs jours avec sa caméra. Au début, les résidents sont interloqués, réagissant parfois avec nervosité. Mais rapidement le réalisateur se fait accepter par ceux-ci, qui d’ailleurs finissent par trouver tout naturel de le retrouver là, jour après jour, et d’être interrogé sur leurs rêves, sur leur vie sentimentale, sur leur humeur, sur les petites choses de leurs vies quotidiennes. Vers la fin du tournage l’ascenseur sera finalement ce lieu où passer un moment agréable de la journée, pour y partager une conversation ou un repas avec Marc.
A travers cette galerie de personnages qui défilent dans l’ascenseur, Marc Isaacs dessine le microcosme d’un quartier de l’Est londonien, avec ses côtés populaires et son grand mélange ethnique. Une impression de microcosme accentuée par des gros plan de machinerie ou d’insectes (autres habitants de l’immeuble !) qui jalonnent le film.

08.10 > 20:00 + 16.10 > 22:00


+ The Alcohol Years

Carol Morley, 2000, GB, video, vo st fr, 50

Quinze ans après avoir fait la java à Manchester et y avoir commis tous les excès, Carol Morley décide de publier une petite annonce pour retrouver les gens qui l"ont connue à cette époque. Amis ou simples connaissances, artistes ou musiciens, devenus fameux ou pas, acceptent ainsi d"être filmés face à la caméra, et de confier les souvenirs qu"ils ont gardés d"elle. En filigrane, « The alcohol years » offre aussi une incursion dans le Manchester mythique et décadent des années Œ80, alors rendez-vous incontournable de la scène pop anglaise.
Le sujet pourrait paraître quelque peu nombriliste. Miraculeusement, le documentaire qui en ressort est un portrait fascinant et courageux de la cinéaste qui prend le parti-pris de ne jamais réagir et d"être confrontée à des souvenirs parfois très crus que les gens lui renvoient. Le portrait en clair-obscur qui se dessine d"elle dépasse la dimension personnelle pour sonder l"humain dans ce qu"il peut avoir de plus libre et de plus extrême. Un portrait plus vrai que nature d"une femme qui a fait fi des conventions, qui s"est vouée corps et âme à ses désirs, jusqu"à la limite de l"auto-destruction.

+ Everyday something

Carol Morley, 2001, GB, video, vo, 14

A partir de sa collection personnelle d"articles de journaux, Carol Morley réalise ce court-métrage qui se présente comme une suite de petites histoires sans autres liens que l"absurdité qui parcourt ces faits divers. Un narrateur (pour les connaisseurs, John Peel, voix incontournable de BBC Radio One) décrit sur un ton pince-sans-rire les vies tordues et les petits drames humains qui sont à l"origine de ces faits divers : le garçon obsédé par Claudia Schiffer, la ménagère qui séquestre le plombier, le mari qui force sa femme à faire du jogging, Š
Pour Carol Morley, les faits divers sont élevés au rang de scénarios. Ils comportent leur propre histoire, leur propre dramaturgie, leur propre humour. Et ils donnent à voir la société sous un angle tout aussi révélateur qu"une étude sociologique de Baudrillard.

09.10 > 20:00 + 14.10 > 22:00


Malgré les récents chamboulements dans le paysage télévisuel britannique, la télévision anglaise reste certainement une référence dans le champs du documentaire télé. Cela est vrai tant au niveau des approches formelles qui y sont expérimentées qu"aux nouvelles formes de langage qui y sont développées, de pair avec l"introduction des nouvelles technologies. Les deux documentaires que nous vous présentons, issus des chaînes digitales de la BBC, en sont un exemple. Tous deux réalisés avec une production extrêmement légère, en mini-dv, ils proposent une vision personnelle et radicale en reflet à un problème de société : celui de la vie des jeunes dans des banlieues dégradées et l"adoption d"un mode de vie qui, dans les cas présentés, est celui des "gangs".



+ Ghetto on Sea

Adam Smith, 2004, GB, video, vo ang , 60

Southend-on-Sea, dans le comté de Essex, est surtout connue pour être une destination balnéaire à bon marché. Les dépliants touristiques en exhaltent les plages et les parcs de jeux, mais derrière cette façade se cache une « deuxième ville » : celle des dealeurs . « There’s a big big drug scene » dit Gambit, un aspirant rappeur qui vit à Southend, et un des principaux intervenants dans ce documentaire. Pour beaucoup de jeunes, qui comme lui vivent dans la banlieue, la seule échappatoire à une vie morne et grise, où les possibilités de trouver un emploi sont minimes, c’est de s’épanouir dans une activité qui les passionne. Ainsi Southend compte un nombre incroyable de petites et grandes radios pirates, chacune appartenant à un groupe, voire à un « gang ». Difficile de dire que la paix règne entre elles. L’accès aux ondes est une guerre quotidienne.
« Ghetto on Sea » a été réalisé pour la BBC dans le cadre d’une série de trois documentaires consacrés à la réalité des jeunes vivant dans certaines banlieues anglaises. Accompagné d’une équipe restreinte, c’est en se mettant en première file que Adam Smith suit une tranche de la vie agitée de Gambit, de Killer et d’autres jeunes qui font partie de cette scène radiophonique. Tout en étant fidèle à la réalité qu’il observe, sur le plan du montage le réalisateur adopte un style ludique où se mêlent des références graphiques et musicales propres à ce monde des radios pirates de Southend.

+ 19:00 > Bad Boy

Moby Longinotto, 2004, GB, video, vo ang , 60

Natty, un jeune homme de Birmingham de dix-neuf ans, sort de prison. Devant la caméra de Moby il fait la promesse qu’il va essayer de « se ranger », de s’intégrer à la société. Cette promesse il la fait pour lui-même mais aussi pour sa fiancée, qui plus que toute autre personne croit en lui. Mais... ce serment ne va pas tenir longtemps. Lentement, et presque inexorablement, Natty se fait rattraper par son ancienne vie, celle des gangs organisés, où sévit une violence qui ne s’exerce pas que contre les autres mais aussi contre soi-même. Pendant six mois Moby va filmer cette redéscente en enfer. Jusqu’à ce qu’il se pose la question de si « oui » ou « non » intervenir.
Réalisé caméra au poing, par le seul réalisateur qui a tout fait (ce qui explique la qualité pauvre du son), « Bad boy » soulève des questions fondamentales dans ce registre du documentaire qui se dit « d’observation » : jusqu’où peut-on aller quand on filme la réalité ? Est-il juste ou pas d’intervenir à certains moments ? Le parti pris radical qui s’affiche dans ce documentaire, tant au niveau de l’approche du sujet qu’à celui de sa production, réduite au stricte nécessaire, a contribué à ce que ce film sorte du contexte télé pour être diffusés dans quelques salles cinéma en Angleterre.

10.10 > 18:00


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pos: aval