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Napoli Fiction

Mario Martone, 1992, IT, 35mm, vo st fr, 105

Nous sommes en 1959, dans la salle d’attente de la plus grande gare de Rome, Stazione Termini. Un homme, à l’apparence négligée, saoul, se fait arrêter par la police suite à un contrôle d’identité. Relâché, il prend le premier train pour Naples. On découvre alors que celui qui nous apparaissait comme un clochard est en réalité un illustre professeur de mathématique, ex communiste, à l’université de Naples. Renato Caccioppoli, tel est son nom, est connu de tout le monde et, justement parce que renommé pour ses études de mathématique, tolléré dans ses excès excentriques et alcooliques. Et puis, très vite, on comprend que derrière ses négligences vestimentaires, derrière son goût prononcé pour l’alcool se cachent en réalité un mépris et un désabusement profonds pour la vie académique qui l’entoure, pour son génie qui décline, pour ces idées politiques dans lesquelles il croyait. Une spirale d’idées noires qui le porteront au suicide. Filmé avec des couleurs jaunâtres, chaudes et en même temps ’maladives’, avec des ambiances à certains moments presque suspendues dans le temps, ce premier long métrage de Martone met en scène un des acteurs les plus originaux du théâtre italien, Carlo Cecchi, qui a fréquenté aussi bien le Living Theatre que l’école de Eduardo De Filippo. (Prix Spécial du Jury à Venise en 1993)

18.09 > 20:00 + 24.09 > 18:00


Pappi Corsicato, 1993, IT, 35mm, vo st fr, 85

Trois histoires, trois portraits de femmes, issues de trois classes sociales différentes. Dans un luxueux appartement vit Aurora, mariée avec un homme très riche, qu’elle a épousé pour son argent et qui ne rate pas les occasions pour la trahir. Un jour Aurora rencontre un vieil amant, Pistoletta, qui recommence à la courtiser de façon insistante. Pour son argent. Entretemps, le mari est parti, l’argent aussi ! Deuxième portrait : celui de Carmela, qui a un jeune fils, Sebastiano, qui essaye de savoir qui fut son père. Un jour Sebastiano tombe sur une photo, et découvre que sa mère est en réalité son père, qui se "transforma" en mère après la mort de celle-ci.... Et enfin Libera. Libera vit dans un quartier populaire, travaille dans un kiosque de journaux, est mariée... et elle est certaine que son mari la trompe ; une cassette vidéo le prouve ; par erreur celle-ci est vendue à un commerçant de cassettes porno...Vous l’aurez compris : il y a de l’Almodovar dans l’air ! Corsicato est effectivement passé par cette école-là mais, après, l’histoire est toute italienne. Ses films, entre drame et mélodrame, entre satire et dérision acide, mettent en scène des personnages que l’on qualifierait de ’pervers’, de ’différents’, de ’marginaux’. Corsicato prône un non-réalisme hostile à la comédie à l’italienne facile et spectaculaire . Ses dispositifs narratifs sont souvent habiles et ingénieux, puisant dans une théâtralité classique ou populaire.Un des ovnis du cinéma italien !

Sous réserve : rencontre avec Pappi Corsicato

19.09 > 22:00 + 27.09 > 22:00


Mario Martone, 1995, IT, 35mn, vo st fr, 100

Delia vit à Bologna, mais est de Naples. De temps à autre sa mère vient lui rendre visite, l’envahissant à chaque fois avec une attention bruyante typiquement napolitaine. Un jour le corps de sa mère, presque nu, avec juste une petite lingerie érotique, est retrouvé sur une plage. Delia rentre alors à Naples, où elle peine à réintégrer le chaos de la ville. De lourdes tâches l’y attendent : reconnaître le corps à la morgue, les funérailles à préparer, les affaires à ranger... Mais un sentiment d’incompréhension s’installe, qui grandi de plus en plus : pourquoi cette mort, que s’est-il passé ? Des indices la troublent, et le mystère qui plane sur les dernières heures précédant la mort de sa mère la pousse à rechercher une explication au drame. Petit à petit le portrait d’une femme, qu’elle se rend compte d’avoir mal connu, se dévoile, des facettes inattendues et surprenantes font surface. Inspiré du livre homonyme de Elena Ferrante, "L’amore molesto" est un film qui, au niveau scénaristique, touche au drame psychologique et au polar. Mais il est surtout et avant tout un très beau portrait qu’un cinéaste ’homme’ dresse de l’âme féminine.

21.09 > 20:00 + 25.09 > 18:00


Stefano Incerti, 1995, IT, 35mm, vo st ang, 80

Crescenzio, un jeune homme au corps lourd et maladroit, travaille comme vérificateur de compteurs de gaz. Solitaire, sans amis, encore retranché chez ses parents, il s’éprend de Giuliana, pour qui il affiche un sentiment qui frôle la dévotion, une jeune fille au caractère réservé et taciturne qui, tout en éprouvant de l’amitié pour lui, n’en est pas amoureuse. Giuliana travaille comme secrétaire dans un atelier de réparations électroniques, dont le propriétaire est un homme vicieux et sans scrupules. Leurs vies, ainsi que celles de quelques autres personnages, s’écoulent de façon anodine, dans une Naples hivernale qui s’apprête aux fêtes de noël, et qui pourtant est grise et sombre. Jusqu’au jour où un drame survient... Premier long métrage de fiction de Incerti, réalisé avec Teatri Uniti, "Il verificatore" est un film aussi bien sur la solitude et les tensions internes qu’elle peut créer, que sur des ambiances de Naples méconnues ou inavouées. (Primé en 1996, au David di Donatello, les Oscars italiens).

20.09 > 18:00 + 24.09 > 22:00


Giuseppe Gaudino, 1998, IT, 35mm, vo st ang, 101

"Tours de lune entre terre et mer" serait le titre littéral de ce très beau film de Gaudino. Entre terre et mer, entre antiquité et contemporanéité, entre légende et réalité, le film nous conte l’histoire d’une ville, Pozzuoli, située à quelques kilomètres de Naples. Pozzuoli est une ville où les traces laissées par ’l’histoire’ remontent à 500 ans avant Jésus-Christ ; d’autres cicatrices sont par la suite venues s’y ajouter : celles des épidémies de choléra ou celles provoquées par le banditisme. Gennarino est le jeune garçon qui nous fait de guide pour ce parcours inhabituel dans l’histoire et dans l’état d’âme de Pozzuoli. Des fragments historiques- surprenantes reconstitutions de séquences où l’empereur Néron, Agrippina ou Sybille sont protagonistes-s’entremêlent avec les événements qui touchent sa famille. Une famille de pêcheurs, de conditions très pauvres, obligée à déménager de maison en maison. Perpétuels déplacements qui pourtant s’inscrivent dans une temporalité et un espace continus. C’est bien ici, d’ailleurs, que se situe l’incroyable singularité du film de Gaudino, dans cette capacité de raconter la continuité de l’Histoire, et donc des hommes. Coup de maître au niveau du montage, "Giro di lune..." propose plusieurs registres de lecture : le texte, parlé en latin, napolitain et italien (!) ; l’image, avec ses différentes textures et sensibilités ; et puis le son, la musique. Un coup de coeur !

+ Rencontre avec Giuseppe Gaudino & Isabella Sandri (production)
Jeudi 25/9 à 20:00

21.09 > 22:00 + 25.09 > 20:00


Carla Apuzzo, 1999, IT, 35mm, vo st fr, 81

Le film commence sur un plan embué de volutes de fumée de cigarettes et une voix qui questionne l"avenir sur base du ’I-ching’, un jeu divinatoire. Rose et Angelo sont en cavale, sans un sou et avec un tueur à gage (engagé par l"ex mari de Rosa) à leurs trousses. Malgré leur fuite dans une périphérie industrielle de Naples (Bagnoli), le jeune couple, plutôt foireux, se préoccupe de gagner rapidement de l"argent. Angelo prépare un hold up et Rosa tente de gagner vite quelques sous en vendant de la drogue et en retournant travailler dans la boîte de téléphone rose qu"elle avait quittée. " Rose e pistole " a tout du scénario de roman noir américain contemporain. Touchant aux clichés du portrait d"une société dégradée et de ses personnages, empreints des couleurs locales d"une banlieue barge. Portrait caricatural d’une jeunesse marginale, vétue de skaï et de cuir, vivant de cigarettes, d’alcool et loin de se préoccuper d’une carrière sociale. Le film s"arroge une certaine dose d"humour par le biais des situations et de quelques dialogues incongrus,Š plus un clin d"¦il au célèbre ŒPulp Fiction" de Tarantino. ’Rose e pistole’ surprend par la fin et l’inattendue survivance des valeurs traditionnelles au sein de cet univers. Sans être un grand film, il vaut bien le détour, surtout pour les amateurs du genre.

20.09 > 22:00 + 26.09 > 22:00


Antonio Capuano, 2001, IT, 35mm, vo st ang, 115

Cinquième long métrage de Capuano, présenté aux Festivals de Venise et de Cannes, "Luna Rossa" est l’histoire d’une famille camorriste racontée au travers d’une relecture de l’Orestie de Eschyle. Dans un long flash back le jeune Oreste, repenti, raconte à un juge la saga de sa famille, celle des Cammarano. Les intrigues, incestueuses, mortelles, incandescantes, se succèdent et s’entremêlent, et dévoilent un portrait éffronté et sombre des multiples membres de la famille.
On pourrait croire que "Luna rossa" ne serait qu’un film de plus sur des histoires de mafia, et pourtant... Là où le film surprend c’est bien dans son approche du sujet. Les scènes en écho à ce qui pourrait presque être un genre cinématographique à part entière, le film de mafia, s’alternent avec d’autres résolument modernes, contemporaines, au ton ’high-tech’. Clash entre modernité et tradition. Les couleurs, saturées, rouge vif ou noir intense, et le style, redondant et baroque, contribuent à l’impression d’une tragédie suspendue dans le temps où les événements se succèdent dans un mouvement circulaire inéluctable. Le film s’appuye sur un cast de premier ordre, avec des acteurs comme Licia Maglietta e Toni Servillo tous deux issus des expériences théâtrales de Teatri Uniti.

18.09 > 22:00 + 26.09 > 20:00


Vincenzo Marra, 2001, IT, 35mm, vo st ang, 88

"Tornando a casa" fait partie de ces premiers longs métrages qui en disent long sur le revival du cinéma italien. Remarqué et primé dans de nombreux festivals, il traite un sujet difficile, tout en en perturbant les stéréotypes cinématographiques. On a déjà pu voir des fictions sur les difficultés (mortelles) de ceux qui se sont décidés à la traversée de la mer séparant l’Europe de l’Afrique. Vincenzo Marra multiplie et inverse les rôles de la victime et de l’agresseur, teintés d’une quête identitaire et d’un fatalisme qui se joue des personnages. Le lieu central du film est une barque de pêcheurs (qui s’oppose à la terre ferme (in)hospitalière), à la fois huis-clos, lieu d’exil, et gagne-pain risqué. Le capitaine décide de pêcher dans les eaux tunisiennes, interdites aux pêcheurs italiens, et ce malgré le désaccord de Franco et Samir, les plus jeunes. Samir est un émigré ’illégal’ et enfreindre la loi signifie pour lui le risque d’expulsion directeŠ Marra choisit le réalisme social : ainsi certains des acteurs ont été choisis parmis les marins du port. Sa façon de filmer, âpre et dure, sied à la vie dure (sous le soleil de Naples) des personnages et accentue la perception de leur rage, mais aussi de leur absence de réaction. Loin du flot de paroles coutumier des Napolitains, le film s’appuie sur une présence forte du silence et des regards, spectateurs et acteurs des hostilités des uns vis-à-vis des autres.

20.09 > 20:00 + 25.09 > 22:00


Paolo Sorrentino, 2001, IT, 35mn, vo st fr, 100

Mais qui est donc "l’uomo in più", l’homme ’en plus’ ?
Naples, années quatre-vingt. Deux hommes portent le même nom. L’un, Tony Pisapia, est un chanteur acclamé par les foules et adoré par les femmes, un Don Juan fanfaron et égocentrique ; l’autre, Antonio Pisapia, est un footballeur d’une équipe en série A, auteur d’un mémorable goal, réservé et un peu naïf, qui, une fois devenu entraîneur, rêve d’un schéma de jeu parfait pour son équipe. Tony et Antonio ne se connaissent pas, et pourtant leurs vies, parallèles, ont beaucoup de ressemblances. On les découvre à l’apogée de leur gloire respective. Puis, un jour, pour les deux tout s’arrête. Un scandale, une fracture du genoux, et commence un long et lent voyage vers l’oubli. Le hasard fera qu’ils se rencontrent, loin des strass, des ambiances cocktail et disco, des imbroglio de toutes sorte qu’ils vécurent dans le passé. Construit à partir d’une série de flash-back aux tons surréels, "L’uomo in più" est un film tour à tour poétique et énigmatique sur l’imprévisibilité de la vie, sur ces hasards qui peuvent faire qu’un être humain perde tout d’un coup ses repères, ne soit plus un protagoniste dans la société, devienne juste un homme ’en plus’. Premier long métrage du jeune réalisateur napolitain Sorrentino, ce film, surprenant au niveau scénaristique, fut une des découvertes au Festival de Venise en 2001.

19.09 > 20:00 + 21.09 > 18:00


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