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BORIS LEHMAN

Ces dans les années ’60 que Boris Lehman, parallèlement à une activité de critique de cinéma, réalise ses premiers films. Depuis, il est probablement impossible de tenir le compte exact de combien il en a réalisé, sa filmographie étant composée de courts et de longs-métrages, de films dont il existe jusqu’à treize versions différentes, de films réalisés à l’école, de films inédits, de films sculptures, de films perdus, détruits ou introuvables, de films en cours de réalisation...et d’autres encore ! Ils constituent, quelque part, une seule et longue oeuvre, dont Boris Lehman en est non seulement le réalisateur mais aussi l’acteur, le producteur, le distributeur (et souvent aussi l’opérateur et le monteur). En parlant de lui-même Boris Lehman dit : "Ma vie est devenue le scénario d’un film qui lui-même est devenu ma vie". D’autres le disent différemment : Boris Lehman est un cinéaste "de la première personne". Parler de ses films c’est parler de"lui", car il en est la matière première ! De prime abord on peut se dire que c’est une histoire d’égotisme, mais par la suite on comprend que au delà de ce "je", qu’il ose exprimer (et qui, justement pour ça, à certains peut gêner), c’est à "l’universel" que son cinéma reconduit. Et dans cet "universel" les ’autres’ aussi y ont une grande place, auprès, en face, à côté de lui. "(...) La caméra, c’est pour moi le medium. Elle fonctionne comme une bouteille de vin ou un club de natation, un moyen de rencontrer des gens et de voir le monde. (...) Boris Lehman"



Avec des textes de William Burroughs, Boris Lehman, Henri Michaux. Avec Michel Berger au piano et Boris Lehman au micro.

Boris Lehman filme et se fait filmer par 150 personnes, amis et autres, visités chez eux, rencontrés dans la rue pendant les mois de juillet et août 1974, à Bruxelles et dans les environs. "Film-découverte (découvrir les possibilités et les limites du super-8), film-journal (se promener partout avec une caméra dans les mains et se faire filmer), film brut (filmer sans préméditation ni acquit culturel) et démocratique (mettre la caméra dans les mains de gens qui n’ont jamais filmé), film de famille sans la famille, "Album 1" se feuillette comme un album (on peut arriver en cours de projection, partir avant la fin , rêver sur une image). Plus qu’un film, c’est un mouvement brownien à partir duquel quantité de films peuvent se développer et se concevoir.(...) Dans son exploration technique et esthétique, "Album 1" atteint le degré zéro du cinéma. Aussi y verra-t-on notamment une gare sans arrivée de train, l’entrée d’un directeur dans son usine, le repas de bébé, la lecture des tarots, l’arroseur non arrosé, et même un lion du Potemkine." (notes de Boris) (mouvement brownien : mouvement incéssant des particules microscopiques en suspension dans un liquide ou un gaz (!) Petit Larousse)

Que cela se sache, cette projection sera unique !! La seule copie du film étant celle qui sera projetée au Nova, elle est devenue de par le temps délicate et même Michel Berger, qui l’accompagnera au piano, n’aura pas droit à ses répétitions ! Idem pour Boris Lehman, d’ailleurs, qui devra fouiner dans sa mémoire pour retrouver les moments-clés où dire les textes !

29.04 > 20:00


Tourné sur une période de deux ans, "Magnum Begynasium Bruxellense" est une chronique filmée de la vie des résidants du quartier du Beguinage à Bruxelles. Structuré en une trentaine de chapitres un peu comme si ceux-ci faisaient partie d’un grand puzzle plus qu’un documentaire il est une sorte d’aventure allégorique sur toutes les petites choses qui peuvent faire la vie d’un quartier, sur le temps qui passe, sur la langueur qui peut entourer les êtres et les choses, sur leur mort. Sans interviews ou commentaires, et en dehors d’une narration classique, le récit semblerait plutôt se construire au fil d’un montage qui joue avec la juxtaposition, ou l’enchaînement ou encore l’opposition des plans et des séquences. En traversant le mouvement temporel d’une journée fictive, le film se déploie ainsi entre réalité et métaphore, voire même imaginaire. Au moment de sa sortie "Magnum Begynasium Bruxellense" reçu un accueil presque impensable aujourd’hui pour un film qui n’est pas de fiction, les recensions allant des quotidiens de l’époque au "TéléMoustique" (qui lui consacra trois pages !) et même au "Vlan" ! Il reste en tout cas un "classique",d’une filmographie entre autre bruxelloise, qu’il est rare de pouvoir voir.

14.04 > 19:30 + 05.05 > 21:30


Long-métrage de fiction, "Couple, regards, positions" est un film d’amour qui parle des tentatives de communication entre un homme et une femme. Sorte d’essai de cinéma alchimique, toute référence à la réalité y est éffacée et n’y restent que des signes, des gestes, des objets, des mots aux références tantôt surréalistes, tantôt cabalistiques, tantôt juives. Tourné entièrement sur fond noir, sans aucun décor, avec des jeux d’opposition noir/blanc, le moindre détail se retrouve soudainement à y avoir des proportions amplifiées, une paire de ciseaux pouvant par exemple avoir l’air d’un instrument de torture. Surgit d’ailleurs la question de l’ambiguité qui peut se receler dans une histoire d’amour :"on s’aime", "on se torture"... Ou peut-être que, finalement, derrière l’aspect torturé d’un rapport amoureux ne se cache qu’un jeu, comme pourraient le suggérer certaines images légères et ludiques ... A vous, d’ailleurs, de vous laisser aller à un jeu de miroir !

03.05 > 22:00


("Lettres à mes amis restés en Belgique" ; 1ère partie d’un projet tétralogique)

Bon, on le sait : Boris Lehman ne resortira pas d’ici tôt ce film de ses boîtes. Donc, préparez sac-à-dos et bottines de marches (on prévois les encas), on part pour une excursion dominicale ! Et le titre du film ne faisant pas de mystères, c’est bien vers le mythe biblique de Babel (version cinématographique et personnelle) que nous irons. D’ailleurs s’attaquer à vous introduire "Babel" (le film) c’est aussi s’attaquer à un mythe !! On a eu beau en entendre parler, on se demande quand même qui a réellement eu la chance de le voir ?! Nous, pas encore ! Et c’est pourquoi vous en parler, pour nous, c’est un peu difficile et préférons donc reprendre quelques notes/réflexions de qui en a déjà vécu l’expérience.

"Cette première partie est centrée sur la vie quotidienne à Bruxelles d’un cinéaste qui prépare un film sur Babel, et rêve d’aller au Mexique sur les traces d’Antonin Artaud, chez les Indiens Tarahumaras. Sans domicile, il erre dans une ville qui semble lui appartenir, puis il finit par partir. Quand il revient, les choses et les gens ont changé (...)." (Boris Lehman) "(...)"Babel" c’est avant tout un homme qui marche dans la ville, d’amis en amis, de cafés en galeries, de librairies complices en copains qui reviennent du Mexique. (...) "Babel" est pour la Belgique l’équivalent de "Milestone " de Robert Kramer ou de "La maman et la putain" de Jean Eustache.Cette première partie (la seule réalisée à ce jour), "Lettre à mes amis restés en Belgique", est le constat sentimental d’une vie et d’une ville, une recherche des fils qu’il faut tisser pour continuer de vivre cette vie et d’habiter cette ville.(...) Si ce film est centré, comme à l’habitude, sur son auteur, il lui échappe totalement en définitive : l’intime devient fiction, l’égotisme devient romanesque." (Dominique Païni) "(...) Ainsi, si Boris Lehman visite les genres cinématographiques, passant du film de voyage au film publicitaire, de l’émission culinaire au cinéma intimiste, du documentaire médical à la fiction expérimentale, c’est pour mieux les subvertir, les transformer en un seul et même motif. Boris Lehman maîtrise une matière dense, touffue, ancrée dans le quotidien, éclatée comme un puzzle fou, mais il l’organise de telle manière que, là où l’on redoutait le point de vue limité au nombril, surgit l’individu comme communauté, s’efface Boris comme personnage particulier au profit d’un archétype universel (...)" (Philippe Simon)

L’EXCURSION COMMENCE A 12:30 AVEC UN BRUNCH
14:00 PROJECTION / 17:00 PAUSE / 18:00 SUITE

22.04 > 14:00


Un soir d’il y a six ans Boris rencontre par hasard Adrienne chez un ami à qui il devait emprunter un smoking. Depuis, Boris et Adrienne sont devenus amis, des amis rares. Adrienne a découvert les films de Boris et s’est laissée emporter dans son cinéma. Boris lui s’est fait conquérir par l’énergie charismatique de cette femme de 78 ans, qui pendant quatorze ans a vécu en Iran où elle y a appris le persan et y a découvert et traduit des contes populaires. Ce film, Boris lui en fait cadeau. Mais le cadeau n’est pas que pour elle (!), car si "A comme Adrienne" est avant tout un portrait, il est aussi un récit, voire même un poème de la vie pour tout le monde. Décliné en sept "leçons" et quelques digressions (la leçon de natation, la leçon de conduite automobile, la leçon de cuisine, la leçon de couture, la leçon de botanique, la leçon de savoir-vivre, la leçon de cinéma), le film ne nous fait pas un récit de la vie d’Adrienne, mais nous amène plutôt à partager son art de la tradition orale et son plaisir à vivre les petits rituels du quotidien. On en arrive à se demander si la vie d’Adrienne n’est pas elle-même un conte. Boris le dit : il aurait pu intituler le film "Ma vie est un conte". L’épilogue de "A comme Adrienne" en est d’ailleurs un. Un conte à tiroirs, comme on en trouve dans les "Mille et Une Nuits". Tout le film l’annonçait.

18.04 > 22:00 + 04.05 > 20:00


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